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134 LA REVUE LYONNAISE
E tant belos coulous de foc ou de sinople
Qu'enlusissoun d'ounou las mas rudos del pople?
He que ! Le luxe es mort ? Los donos soun pas mai
Flouridos de rubans milhou qu'un mes de Mai ?
Oh ! qu'esquissen de sedo! Oh! qu'aussisquem perl'aire
Mounta 'n mourmouladis douçomenet cantaire
Que fan en se fregant les plecs des coutilhous
E qu'on diriô partit d'aletos d'ausselous !
Adeja, las mouliès, coumo en pleno Iounio,
Menoun superboment la tendro simfounîo
De la sedo. 0 boun-ur ! Salut à la beutat '
Qu'a des rais le pus bel : la simplo caritat !
Amouriès, albres d'or, metets ramos espessos,
Va cale pla de rouis à tantos de divessos.
De fuelhos ! Les magnans flaloun sensé relais ;
De fuelhos ! Les canuts n'an pas perdut lhour biais
E joubs Ihours braves dits la laugiero naveto
Ja tournara parti tant pla qu'uno lauseto
Pel cel. De la Groux-Rousso al quartiè de Sant-Just
Lèu-lèu s'espertara mai d'un trin-tran de fust
Que respoundra, de lenh, as branquets marmulaires
De vo re fier capelh, — e tu, coumo tous fraires,
Albro mage adreitat sul' toumbel de Jacquart,
Brusis gaujousoment e sios toutjoun galhard !
Mars 1877.
couleurs de feu et de sinople qui illuminent d'honneur les mains rudes du peuple ?
Hé quoi ! Le luxe est mort? Les dames ne sont plus fleuries de rubans, mieux qu'un
mo's de Mai ? Oh ! qu'elles usent de la soie ! Oh ! que nous ouïssions dans l'air s'élever
le murmure doucement chanteur que font en se froissant les plis des jupes et qu'on di-
rait venu de petites ailes d'oiselets ! Déjà , les femmes, comme en pleine Ionie, con-
duisent superbement la tendre symphonie de la soie. 0 bonheur ! Salut à la beauté
qui des rayons a le plus beau : la simple charité '.
Mûriers, arbres d'or, couvrez-vous d'épaisses ramures, il va falloir plus d'un rouleau
(d'étoffe) à tant de déesses. Des feuilles ! Les magnans filent sans relâche ; des feuilles !
Les canuts n'ont point perdu leur habileté, et sous les braves doigts la légère na-
vette partira de nouveau, certes I ainsi qu'une alouette par le ciel. De la Croix-Rousse
au quartier de Saint-Just, bientôt se réveillera plus d'un battant de bois qui répondra,
de loin,aux branches murmurantes de voire tête fière, et, toi, comme tes frères, grand
arbre dressé, sur le tombeau de Jacquard i, bruis gaiement, sois toujours gaillard!
(Castelnaudary, mars 1877).
i A Oullins.
A. FOURÈS.