Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                      SONNETS                         115

Bûcheron, mangeant mon pain noir dans la clairière,
Un être presque humain eût partagé mes jours,
Calmé ma soif, tari mes pleurs, et son secours
Eût allégé le poids de ma croix journalière ;
Si pétroleur enfin j'avais brûlé Paris,
Quelque femelle encore, à l'infernal souris,
M'eût, jusqu'à Nouméa, suivi dans ma cambuse;
Mais comme je ne suis qu'un vil homme de bien,
A^ant du cœur plein la poitrine, on me refuse
Le &4f pl e petit mot tendre qu'on jette au chien.



                          IV


                   RENCONTRE

  Un éclair luisit sous son voile noir.
  Etait-ce remords, tendresse ou colère ?
  Je voulus, perçant les ombres du soir,
  De ce bref regard scruter le mystère.
  Le front gardait-il son repli sévère ?
  Un furtif rayon disait-il : Espoir?
  Mais, comme j'allais lire en ce miroir,
  Une larme vint voiler ma paupière.
  Oh ! pourquoi rougir de ces larmes-là ?
  Vers les jours enfuis mon cœur s'envola ;
  De nos heures d'or je suivis la trace,
  Et je la revis dans le sentier vert,
  Lorsqu'elle laissa, de son cœur ouvert,
  Jaillir ces trois mots que plus rien n'efface.

                                   A. DE GAGNAUD.