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48 LA REVUE LYONNAISE sent à la lire que M. de Laprade a longuement étudié les grands penseurs de la philosophie scolastique, et parfois on croit entendre un écho lointain de la voix de ces maîtres qui furent saint Thomas, saint Bonavénture,Suarez. Nourri de cette moelle substantielle, il ne craint pas d'aborder les problèmes les plus profonds et il leur trouve une solution heureuse et logique. Il est une notion qui constitue l'idée génératrice des arts: c'est . que la création est l'émission de la parole divine, et la nature le verbe extérieur et fini. L'univers tout entier est l'image de Dieu, l'homme est l'achèvement de l'univers. C'est l'amour qui est le mobile nécessaire de l'Etre absolu dans son propre engendrement et dans la création de l'univers. Nous retrouvons dans cette dernière conception l'idée émise déjà par Dante : dans un vers qui, au pre - mier abord, peut paraître un paradoxe inouï, mais que le raisonne- ment conduit à faire considérer comme rigoureusement exact, le poète florentin n'a pas craint de représenter l'amour comme le créateur de l'enfer : Eccemi la divina potestate, La Somma sapienza, e il primo amore. Nous ne pouvons suivre M. de Laprade dans tout le développe- ment philosophique qu'il donne à ces principes: nous sommes con- traints de renvoyer nos lecteurs au livre lui-même. Citons encore quelques lignes où l'auteur fait ressortir l'excellence de l'art et sa mission sublime :. « Toute âme humaine, jouissant de la santé morale, peut être amenée par la révélation du beau à l'admiration, à l'amour, à l'en- thousiasme, c'est-à -dire à l'état poétique par excellence; car la poésie est un état du cœur avant d'être une œuvre de l'esprit. N'en- gendrât-elle rien rans le monde de l'art, elle est appelée à porter des fruits dans le monde de la conscience. L'inspiration, l'enthou - siasme poétique ne deviennent créateurs de l'œuvre d'art que chez un petit nombre d'hommes particulièrement doués pour cette fonc- tion ; chez tous les hommes, l'enthousiasme du beau est appelé à devenir créateur de l'amour et de la pratique du bien. Tout homme est appelé à devenir artiste dans l'art suprême de la vertu. »