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404 LA R E V U E LYONNAISE
pllisse les lèvres et fait grimacer la bouche; c'est une gaieté sans
fiel, sans traîtrises, prime-sautière, spontanée, une gaieté qui
mousse plus qu'elle ne pétille. Rencontre-t-il un bon mot? Il le
souligne. Un calembour? 11 le fait et sans crier gare. Des calem-
bours!... Eh! oui, des calembours. Pour ma part, je n'y trouve
aucun mal. Encore une fois, M. de Pontmartin est un gentilhomme
causeur, et non point un professeur enseignant. M. Zola peut ne
pas goûter ces calembours, moi je les cueille. C'est affaire de goûts,
et, quoi qu'il arrive, je compte bien ne jamais être conspué pour
n'avoir pas les mêmes goûts ni la bouche aussi fine que l'auteur de
Nana.
L'auteur de Nana! Ah! s'il voulait parler la main sur le cœur, il
pourrait vous renseigner mieux que moi sur le-genre d'esprit du
vieux critique. Il a essuyé, lui, tout récemment le feu de ses plai-
santeries, de concert, il est vrai, avec cette étourdie MmeBentzon.
M. de Pontmartin ne souffre pas qu'on le lutine, ni qu'on
déshabille de leurs modestes vêtements les héroïnes de ses nou-
velles, serait-on de tout Paris la plus habile à confectionner des
robes longues et des corsages duchesses.
Lisez la réponse1 aux rodomontades de M. Zola, la douce et
spirituelle remontrance8 à Mme Bentzon, laquelle s'était permise
de démarquer pour Georgette le linge à 'Aurélie. Ecoutez ensuite
cette page étincelante de verve et à 'humour à propos du livre de
M. L. Halévy, les Petites Cardinal.
« L'autre — cette bonne madame Cardinal, — plus maternelle,
plus féminine..., plus fertile en ressources; comprenant qu'il
existe deux morales, l'une pour les héritières, qui naissent avec
un million dans leur berceau, l'autre pour les jeunes filles dont les
beaux yeux et les ronds de jambe sont les seuls capitaux, en at-
tendant les sept péchés de ce nom ; parlagèe entre l'orgueilleux
paisir de voir ses filles meublées en bois de rose et le regret que
ce riche mobilier ne puisse se concilier avec une verlu moins mo-
bilière; prenant philosophiquement son parti de ces contradictions
inhérentes aux civilisations avancées et à l'inégalité des fortunes;
acceptant le monde tel qu'il est et les danseuses telles qu'elles ne
i Souvenirs d'un vieux critique (I r e série), page 367,
2
Nouveaux Samedis (XX' série),, page 32.