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414                  LA REVUE LYONNAISE
sur le Pont-Neuf par les ordres de Louis XVIII et Moïse sauvé
des eaux du Nil. Avec sa brillante description de l'incendie de
Rome sous Néron, ce fut là comme le point de départ de son
recueil des Odes et Ballades, dont la première partie parut en
1822 et la seconde en 1826. Plus tard, les romantiques à outrance
n'y virent plus que des ébauches timides et imparfaites, pendant que
les ultra-classiques n'ont jamais daigné louer chez Hugo que cette
oeuvre de début. C'est qu'en outre d'une incontestable largeur dans
la pensée, le style y était en général correct, élégant, tempéré,
exempt de ces hardiesses et aussi de ces étrangetés qui devaient
désormais, à chaque volume, se succéder et s'accroître. Quant aux
sentiments, ils y étaient souvent religieux, presque toujours mo-
narchiques, avec une teinte prononcée de patriotisme et quelques
échappées d'une vive admiration pour les grands coups d'épée
de l'époque impériale. Demi-royaliste, demi-progressif, le
poète passait tour à tour des anathèmes contre la bande noire et
des hymnes en l'honneur de la dynastie bourbonienne à des dithy-
rambes flatteurs sur le vaincu de Waterloo et la colonne Vendôme.
Il adressait à Lamartine, qui l'avait devancé dans la vie et dans la
gloire, un hommage aussi sincère que respectueux. Il abordait
l'élégie douce et mélancolique en même temps que l'ode élevée et
pompeuse, Enfin il se jouait avec esprit et avec aisance dans une
foule de bluettes, décorées du titre de Ballades' : la Passe d'ar-
mes du roi Jean, la Fiancée du Timbalier, la charmante fan-
taisie du Sylphe et tant d'autres. Il devait être sans doute plus
d'une fois discuté, contesté, combattu; mais désormais il avait sa
place à part.
   Vers ce temps, son mariage avec une femme distinguée,'la fée
bienfaisante de sa première jeunesse, ajouta au juste orgueil de
son illustration naissante les joies plus aimables du bonheur dômes -
tique. Accepté comme un maître et un guide par la plupart de ses
émules, il s'était déjà occupé (nous le reverrons) de critique, de
romans, de théâtre, de réformes littéraires, lorsqu'en 1828 il
donna ses Orientales. On se rappelle la guerre d'indépendance de
la Grèce, un des nombreux épisodes de cette interminable question
d'Orient, qui remonte en principe à Pierre le Grand, en fait à
Catherine II, et qui se complique sans cesse de difficultés nouvelles