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364                    LA REVUE LYONNAISE
donner un rendez-vous dans la serre. Miss Watson perd la lettre,
qui est trouvée par Suzanne de Villiers ; Suzanne l'attribue à
Roger, et prend contre l'Anglaise un terrible accès de jalousie,
tandis que la comtesse de Géran croit que Suzanne est amoureuse
de Bellac. Tout s'expliquera dans la serre elle-même où nous
voyons défiler les divers couples qui se meuvent dans ce spirituel
imbroglio ; où le sous-préfet Paul Raymond vient aussi se dérider
un instant avec Jeanne, et inflige gaiement à la comtesse cachée
dans un massif plus d'une mordante épigramme. Tout finit bien,
comme dans la pièce si connue de Shakspeare ; car miss Wat -
son épousera le professeur B.dlac ; la duchesse de Réville fait de
Suzanne sa fille adoptive, sa légataire universelle et la marie avec
Roger; enfin elle promet à Paul Raymond une préfecture, et on
sait que ce qu'elle promet, elle peut le tenir.
    En somme petite intrigue, piquant imbroglio final, et caractères
ingénieusement tracés, tel est le résumé de la piècedeM.Pailleron.
Elle a fait sur le public une impression méritée ; elle arrive pour
compléter une liste déjà sérieuse de titres qui feront incessamment
de M. Pailleron un candidat à l'Académie française. Tout lui pro-
met le succès. Poète, auteur dramatique et l'un des maîtres de céans
à la Revue des Deux Mondes, donc émule et protecteur de ses
électeurs futurs, il a tout ce qu'il faut pour réussir. Demi-Horace,
demi-Ménandre, demi-Mécène, Scudéri trouverait sans doute que,
là aussi, il y a trois moitiés ; mais il reconnaîtrait sans peine que
ces trois moitiés font avec usure le total d'un académicien. Et
combien d'immortels sont loin de présenter cet excédent que cons-
tate ici une rigoureuse arithmétique !
    M. Pailleron me paraît en effet eh voie de recueillir dans notre
 siècle la succession d'un de nos illustres comiques du siècle passé,
auteur ingénieux qu'on est en train de réhabiliter aujour-
d'hui après l'avoir trop déprécié. M. Pailleron procède de Mari-
vaux.
    11 en a les qualités : le style fin, les phrases habilement nuancées,
les aperçus délicats. Il excelle, comme lui, à broder sur un léger
canevas de jolies arabesques; comme lui, il plaît surtout par le
 détail, Enfin, comme Marivaux, il pèche quelquefois parla recher-
 che, et touche à ce bel esprit dont il fait la satire. Nos ancêtres