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                         FRA SALIMBBNE                             35i
des tentatives de son père pour le faire sortir du couvent, puis, à
propos d'une ville ou il s'arrête pour échapper aux poursuites de son
père, il nous parle longuement de Frédéric II et du roi Jean de
Brieune. Il revient ensuite à sa propre histoire, raconte plusieurs
aventures personnelles, entre autres une vision, au milieu de la-
quelle il insère un plaidoyer contre Guillaume de Saint-Amour,
achève le récit de ses déplacements jusqu'à son départ pour la
France, et enfin continue la généalogie commencée. Après cette suite
de digressions, il reprend l'ordre de sa Chronique là où il l'a quitté,
c'est-à-dire à l'année 1229 et à la bataille de San Gesario.
   Quelques-unes de ces digressions forment un ensemble, par-
exemple celle des cardinaux-légats de Lombardie au treizième
siècle, celle des six faiblesses de Frédéric II, celle des compagnons
de Jean de Parme. On peut trouver dans ce fait un indice de com-
position; mais tout l'art se résout encore ici dans une simple énu-
mération : Salimbene compte six faiblesses ou superstitions princi-
pales de Frédéric II, et il les énumère en les développant. Ce n'est
pas plus complexe que la forme générale de la Chronique.
   Pour trouver un art véritable, quoique inconscient, il faut arriver
au détail : Salimbene excelle dans le récit et dans le portrait. Parmi
les récits nous indiquerons entre autres celui du combat singulier que
Charles d'Anjou soutint, sans se faire connaître, contre un cheva-
lier de Campanie que personne n'avait pu vaincre en champ clos.
On croit voir les deux adversaires,.tant la narration est vive, s'é-
lancer l'un contre l'autre au signal donné ; on entend le choc, dont
l'impulsion fut telle que les deux lances furent brisées, mais sans
qu'aucun des combattants fût tombé de cheval ou eût seulement
bougé sur sa selle. Il y aurait cent autres citations à faire, ou pour
mieux dire, il faudrait citer toute la Chronique. Nous nous borne-
rons à un autre exemple, que nous prendrons parmi les passages
omis dans l'édition de Parme. C'est le récit d'une expérience d'évo-
cation faite par le pape Innocent IV :
   « Un jour que le pape innocent IV prêchait devant le peuple,
il aperçut un étudiant qui riait de ses paroles. Le sermon terminé,
il fit venir le rieur dans sa chambre, et lui demanda pourquoi il
s'était moqué de la parole divine, qui est utile pour sauver les âmes.
 L'étudiant répondit que les paroles du pape n'étaient que des paro-