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                       FRA SALIMBENE


   Il n'est guère possible d'être moins connu que frère Salimbene,
chroniqueur du treizième siècle : il est difficile cependant, nos lec-
teurs en jugeront, d'avoir plus de titres à la célébrité.
   L'obscurité persistante de cette figure si originale a une raison
bien simple : il n'a jamais existé, jusqu'à nos jours, qu'un seul
exemplaire de la grande Chronique de Salimbene *. On n'en con-
naît aucune copie, et il est presque certain qu'il n'y en a jamais eu.
C'est que cette œuvre se distinguait essentiellement —cequi a nui
à sa fortune — de toutes les œuvres semblables que vit éclore le
moyen âge. Au lieu d'une sèche énumération dé dates et de faits,
elle nous offre une grande abondance de détails, d'anecdotes, de
récits personnels : ce sont de véritables mémoires. Les compilateurs
de l'époque suivante, peu habitués à cette manière d'écrire l'his-
toire, durent trouver que Salimbene parlait beaucoup trop de lui
et des petits événements de son temps, et ils préférèrent à sa Chro-
nique si vivante et si colorée, des annales ternes et impersonnelles,
mais conformes à l'idée qu'ils se faisaient d'une saine chronique.
Qu'il nous soit permis de ne pas être de leur avis. Quoiqu'il en soit,
aucun d'eux ne songea à recopier Salimbene ou à le faire entrer

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      Voy. notre l)e fralre Salimbene et de e-jus Chronivie auctoritate (Paris, Tho-
l'iu, 1878). Pour les questions d'érudition, pour les citations du texte et les indications
de sources, nous renvoyons une fois pour toutes à notre étude latine,
       MAI.   1881 —   T.   I.                                                       U