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                     ÉPIGtRAPHIB LYONNAISE                           281
tions de ce genre. Les conciles provinciaux n'offraient donc de ces
institutions qu'un faible équivalent, dont le caractère nous est déjà
révélé par le motif et le lieu des réunions. Aussi était-ce ordinaire -
ment les affaires d'intérêt local qui fournissaient le sujet des ques-
tions soumises au conseil. A Lyon se trouvait la caisse commune
des trois provinces ; il fallait en faire la vérification contradictoire,
nommer de nouveaux caissiers, décréter au gouverneur les re-
merciements d'usage pour son administration avantageuse au bien
du pays ; décider l'envoi à l'empereur d'une délégation chargée de
déposer sur les marches du trône d'humbles suppliques ou des
félicitations pour un heureux événement. Lorsque Néron eut tué sa
mère Agrippine, le rhéteur gaulois Julius Africanus lui adressait,
sans doute par ordre de la diète, ces paroles : « Tes provinces de
« la Gaule t'en supplient, ô César ! puisses-tu supporter courageu-
« sèment ton bonheur !»
   D'après cet exemple, nous pouvons nous faire une idée de la ser-
vilité de cette représentation nationale. Quelle que fût cette servi-
lité, on devait parfois trouver pénible de voter des remerciements
à certains gouverneurs pour leur sollicitude. On en avait fait à
Lyon, déjà plusieurs fois, une assez triste expérience. Là avait été la
résidence du fameux Licinus, cet ancien esclave de César, qui
devenu procurateur impérial et trouvant trop courte l'année con-
tribuable, s'était créé pour son propre compte un calendrier fiscal
de quatorze mois; il avait imaginé cet ingénieux motif, que dé •
cembre s'appèlant le dixième mois, il fallait nécessairement deux
autres mois encore pour compléter l'année. Et lorsque ensuite
il dut justifier sa conduite devant Auguste qui avait pour maxime,
comme plus tard son successeur, « qu'il faut tondre les brebis et
non lesécorcher », et lorsqu'il fut contraint de restituer une grande
partie de sa fortune, naturellement ce ne fut pas au Gaulois, mais à
son impérial maître qu'elle revint. L'affranchi sut néanmoins en
garder une bonne part; car, « riche comme Licinus » était, encore
longtemps après, une expression proverbiale. On le comprend sans
peine : parmi les oppresseurs des patients et pusillanimes sujets
provinciaux, c'est des pires seulement que nous savons quelque
chose; mais ils est certain que de tels exemples n'ont pas été tout
à fait insolites, et l'histoire des souffrances du peuple juif sous les