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         P R E M I È R E S GUERRES DE LA R É P U B L I Q U E      269
vécu pendant quatre mois sur le territoire étranger dont nous avons
eu l'adresse de faire le théâtre de la guerre. Nos généraux, nos
employés et nos volontaires reviennent les poches remplies de louis
qu'ils ont volés dans ces pays-là et nos caisses sont remplies de
plusieurs millions par les traités de paix conclus avec les premiers
princes que nous avons battus. Il est incroyable à quel point l'ar-
mée a porté l'ardeur du pillage. La plupart de nos généraux (à l'ex-
ception de Moreau, général en chef, de Régnier, chef d'état-major,
et de Desaix, qui ont conservé quelques restes de probité) ont cha-
cun 80,000 livres en or et il n'y a pas de cavaliers, dragons, chas-
seurs, houzards et même volontaires qui ne puissent montrer cha-
cun depuis 40 louis jusqu'à 200. Je n'attribue pas à autre chose la
haine que. les habitants nous ont témoignée, et ils se sont armés pour
faire rendre gorge à tous les Français qu'ils ont attrapés. J'espère
que l'expérience prouvera que cette manière de fraterniser avec, les
autres peuples n'est pas la bonne. On dit que l'armée de Sambre-
et-Meuse a encore plus pillé que l'armée du Rhin ; il n'est point
étonnant qu'on ait fait une si malheureuse retraite.
   ... Gomme tout le monde n'a pas été à l'armée pour avoir de
l'argent, ceux qui n'en ont pas se mettent à voler pour s'en procu-
rer , ce qui est très facile dans une grande ville où il n'y a pas de
police : toute la nuit on enfonce des boutiques et on crochète dej
serrures.



                                 Strasbourg, 10 brumaire an V.


    Les divisions de l'armée qui passent ici pour aller dans le Bas-
 Rhin font une dépense prodigieuse. Ils ont acheté toutes les mon-
 tres, les horloges et presque tous les chapeaux. Aux spectacles, ils
 remplissoient les premières places avec leurs habits tous déchirés.
• Au café, des volontaires sans souliers, au lieu d'en acheter d'au-
 tres, après avoir bu beaucoup de liqueurs, ne daignoient pas rece-
 voir ce qu'il falloit leur rendre sur le payement quand cela ne
 passoit pas six francs et le donnoient aux garçons.