Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                ANCIENNE ABBAYE DE CLTJNY                                   233
    Comment ces précieux documents étaient-ils arrivés dans le
cabinet de M. Ferrant? Etant commissaire des droits seigneuriaux
de la ville avant la Révolution, il a nécessairement dû avoir
constamment entre les mains un grand nombre de titres apparte-
nant aux communautés religieuses qui avaient des actions à soute-
nir ou k repousser. La Révolution l'ayant surpris au milieu de ses
travaux, et celle-ci brûlant les vieux titres entachés de féodalité,
M. Ferrant aura gardé ces documents pendant la Terreur pour les
sauver, et oublié de les rendre plus tard aux archives de l'État,
héritier des biens et des titres des couvents. Toutefois, au mo-
ment de la vente de la bibliothèque de M. Ferrant, les archives
départementales du Rhône ne manquèrent pas de revendiquer ces
titres ; une transaction eut lieu : la succession de M. Ferrant re-
mit tous les titres originaux et on lui laissa les copies qui furent
jetées à tous les vents par le marteau du commissaire priseur.
Quant au beau terrier d'Àinay, l'administration préfectorale, ni
le comité des Bibliothèques publiques n'en eurent pas le moindre
souci, alors que c'était pourtant un monument lyonnais et digue
d'occuper une des meilleures places dans la collection des ma-
nuscrits. Il fut livré aux enchères publiques et tomba heureuse
ment dans les meilleures mains, celles de M. le président Baudrier,
 déjà possesseur d'une si riche collection. La Bibliothèque nationale
avait eu connaissance de la vente de ce terrier, mais, par une
 attention délicate, elle ne voulut pas l'enlever aux Lyonnais. En
effet, son éminent directeur, M. Léopold Delisle, me mandait le
 7 janvier 1880, le lendemain de la vente : « Je félicite M. le
 président Baudrier de l'acquisition qu'il a faite du terrier d'Ainay.
J'avais bien remarqué ce manuscrit sur le catalogue de la vente
 dans laquelle il avait passé ; mais j'avais pensé que la Bibliothèque
 nationale ne devait pas faire concurrence aux collections lyon-
 naises pour les articles se rattachant directement, à l'histoire
locale. »
                                                L. N l E P G E ,
                                            Conseiller à la Cour d'appel.