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 212                       LA R E V U E L Y O N N A I S E

   Tout ceci tend à prouver que le quartier In Canabis était à Saint-
 Michel, et que de riches négociants avaient fixé leur habitation
 près de l'entrepôt général des vins, des huiles et autres denrées
qu'ils faisaient venir par le Rhône et la Saône1.
   La grande inondation de 580, dont parle Grégoire de Tours et
qui a renversé une partie des murailles de la ville de Lyon, n'a rien
à voir avec le canal des Terreaux. En effet les murs de ce canal
devaient nécessairement, pour le service de la navigation, être
arasés à fleur de terre ou tout au plus à hauteur de banquettes ; ce
n'est donc pas là qu'il fallait chercher les remparts écroulés. —
Mais Ménestrier avait besoin de trouver dans le passé quelques faits
pour étayer sa supposition d'un canal aux Terreaux. C'est pour-
quoi, à défaut d'argument plus concluant, iln'a pas manqué de dire
que le récit de Grégoire de Tours ne pouvait s'entendre que de la
muraille qui formait l'enceinte de la ville, le long du canal des
Terreaux. Seulement il n'a pas remarqué qu'il transformait par
cela même son canal en fossé défensif, et qu'il se contredisait un
peu plus loin (page 37) eu disant que le canal des Terreaux n'a ja-
mais été fossé de la ville, parce que la clôture était plus au nord et
s'étendait delà porte Saint-Marcel à celle du Griffon. N'est-il pas
plus raisonnable de supposer (car on ne peut rien savoir de cer-
tain à cet égard) que les murs écroulés dont parle notre vieux
chroniqueur étaient ceux qui fermaient la ville le long du Rhône
et de la Saône et venaient se joindre à la clôture de Saint-Marcel,
ou encore les murailles assises autour de Saint-Paul de Roanne et
de Saint-Jean; car il semble que c'est plutôt dans ces quartiers
qu'il faudrait chercher les fortifications de l'époque mérovingienne.

  1
     Dans un accord de l'an 1193 intervenu entra l'archevêque de Lyon et l'abbé
d'Ainay pour régler les iimites de leur juridiction temporelle, on donne pour limite
des deux justices, sur la Saône, la maison de la Franchisserie, Domus francherix.
Cette maison occupait l'emplacement de celle aujourd'hui connue sous le nom de
Palais-Royal située à la descente du pont Tilsitt. Le tellement qui en dépendait
s'étendait le long de la Saône jusqu'au prolongement de la rue Sainte-Hélène, c'est-
à-dire, jusqu'à l'ancien port Saint-Michel. La qualification de maison de la Fran-
chisserie, alias delà Franchise^ revient assez souvent dans les vieux actes.
   Elle me paraît digne d'attention; Je me demande si elle ne se rat lâcherait pas par
quelque endroit aux limites de l'ancien territoire in Canabis et aux franchises et
immunités dont auraient joui les marchandises, et ceux des diverses nations qui
trafiquaient dans cette cannebière-.