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            NOUVELLE M É T H O D E GÉOGRAPHIQUE                       193
   Il y a près de cinquante ans, Lavallée, le père de la géographie mo-
derne, imagina la méthode des bassins. On sait en quoi elle consiste,
et quel abus en ont fait des géographes de troisième ordre pour ré-
pandre les idées les plus fausses sur la configuration du globe. Ce
sont eux qui ont inondé les écoles de ces cartes ridicules où, du
du sein des plaines de la Lithuanie et des Laades, surgissent des
chaînes de montagnes comparables au Caucase et aux Alpes par la
vigueur du figuré.
   Après nos désastres de 1870, la réaction qui se produisit en fa-
veur des études géographiques eut des conséquences fatales pour
l'ancien système: il fut banni de tout enseignement sérieux.
   Parmi les méthodes qui prétendirent dès lors à la place vacante,
il faut citer celle qui préside actuellement à certaines études de
géographie militaire. Elle prend la géologie pour base. Mais cette
 méthode elle-même répond-elle toujours aux besoins d'une expo-
sition fidèle? Ne peut-on lui reprocher parfois de dénaturer par sys-
tème les faits géographiques et de les présenter sous un aspect con-
traire à la vérité ?
   Dans tout ensemble montagneux, nous dit-elle, l'observation ré-
vèle deux traits caractéristiques, les sillons longitudinaux et les
coupures transversales. Les sillons longitudinaux sont le résul-
tat des brisures qui se sont produites par l'effet même du soulè-
vement, parallèlement à l'axe du système. Les coupures trans -
versâtes sont des déchirures qui tranchent profondément la chaîne.
    En se croisant les uns les autres, les sillons parallèles à une
direction de soulèvement et les coupures qui lui sont perpendi-
culaires divisent l'ensemble d'une région montagneuse en un cer-
tain nombre de massifs plus ou moins étendus et disposés comme
les cases d'un échiquier.
    Une carte des Alpes établie d'après ces principes offre en effet
l'apparence d'un échiquier : elle présente sous le même aspect le
sillon du Valais qui se creuse au-dessous de la courbe de niveau
400 et la coupure du grand Saint-Bernard qui, à 2,000 mètres
 au-dessus, èchancre la crête glacée.
    M. Berlioux nous présente sa méthode avant de nous laisser
 aborder le corps de son ouvrage. Il fait, pour ainsi dire, fonction-
ner sous nos yeux cet instrument de recherche, dans une introduc-
     MARS. 1881. — T. Il                                         13