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É P I G R A P H I E LYONNAISE 187 ter que sous l'uniforme du soldat. Mais ni le pays ni ses habitants ne furent jamais romanisés, et, si importantes que soient les traces qu'y a laissées la domination romaine, la tourmente des temps a balayé camps etvill.es, langage et usages romains; seul mainte- nant l'antiquaire peut encore tirer de l'exploration des ruines et des monuments épars sur le sol une image de la vie étrange qui jadis a fait son entrée avec les légions romaines, et aussi avec elles s'en est allée pour toujours. Quelle différence avec l'Espagne et avec la Gaule ! Etouffer l'es - prit national par l'introduction d'une population italique ou Tanéan - tir violemment par une occupation militaire, était une pensée qui ne pouvait se présenter à l'esprit des Romains ; celle qui dut guider leurs efforts fut au contraire d'arriver insensiblement au but par la puissance d'attraction d'une civilisation supérieure et par la voie pacifique d'une assimilation progressive. A vrai dire, les Romains n'ont rornanisé ni l'Espagne ni la Gaule; mais les Ibères et les Gaulois se sont eux-mêmes faits Romains ou, comme on dit en France, par une expression d'une parfaite justesse, les Gaulois sont devenus Gallo-Romains. La civilisation du pays à l'époque r o - maine a été l'heureux résultat de la fusion de la civilisation na - tionale dans la civilisation étrangère. Mais, dira-t-on, quels traits, dans le tableau qui paraît tout d'abord complètement romain, doivent être considérés comme nationaux? La réponse ne saurait être faite dès à présent. Une étude des monuments, passionnée et poussée jusqu'à l'observation des moindres détails, telle que depuis quelque temps elle a été entreprise en France avec une ardeur en quelque sorte excessive, pourra seule parvenir à résoudre cette question; certainement c'est une tâche digue de tenter l'archéologie provinciale, si souvent raillée, que de chercher à découvrir sous la surface étrangère le fond indigène, et de mettre en lumière les diverses nuances de la civilisation romaine dans chaque contrée. Ce proceded'assimilation a présidé au développement de presque toutes les villes romaines sur le sol étranger: c'est pourquoi on nous permettra de consacreiici quelques instants à esquisser une image du vieuxLyon,la principale ville, non seulement des Gaules, mais de tout le nord romain. A Gaëte, dans l'Italie méridionale,, s'élève un somptueux tom-