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                    ÉPIGRAPHIE LYONNAISE                          183
renier les aïeux barbares, de placer César comme un héros national
au point de départ de l'histoire des Gaules, et de renoncer ainsi à
poursuivre, antérieurement à la conquête du pays par les Romains,
la difficile question d'origine, qui semble en général ne pas offrir
à l'humanité de bien attrayantes perspectives. Le césarisme napo-
léonien et, le monument littéraire consacré à César par son impérial
biographe ont puissamment contribué à pousser les esprits dans
cette voie ; aussi est-il permis de prévoir que le mouvement poli-
tique qui depuis s'est accompli en France, ne sera pas sans se faire
également sentir dans le domaine des lettres relativement à la
manière d'envisager l'histoire nationale.
   Assurément il serait injuste de méconnaître que lagratitude vouée
aux Romains par les descendants des Gaulois ne soit méritée.
Sans doute les modernes Français peuvent tenir de leurs ancêtres
certaines qualités du corps et de l'esprit ; mais le plus précieux
bien qu'ils possèdent, cette civilisation si richement développée,
leur vient uniquement des Romains; il repose sur une base essen-
tiellement romaine ; il est, non pas un fruit du sol national, mais
un produit étranger importé de Rome dans la Gaule.
   Le portrait que, cinquante ans environ avant César, un-voya-
geur grec, le philosophe Posidonius, esquisse des habitants du -
nord de la Gaule, ce qu'il raconte de leurs cruels sacrifices h u -
mains, de leurs sanglants présages tirés des convulsions des mou-
rants, de la coutume barbare de clouer à la porte de leurs maisons
les têtes de leurs ennemis tués ou de les renfermer soigneusement,
ointes d'huile de cèdre, pour les montrer aux étrangers, — « cho-
ses, dit-il, qu'il avait si souvent vues dans son voyage, qu'il n'en
éprouvait plus a la fin aucun dégoût », — tout ce tableau ne doit
vraiment pas trop exciter notre sympathie en faveur des Gaulois
barbares. Politiquement aussi, nous ne pouvons éprouver un vif
attrait pour un peuple qui, fractionné en quantité de tribus isolées
s'épuisant en démêlés perpétuels, ne possédait aucun centre de
nationalité et auquel même la pensée d'une unité nationale était
presque restée étrangère. La parole de César « qu'il était venu
comme libérateur des Gaules », cette parole, répétée dans tous les
 temps avec des variantes toujours nouvelles et qui jamais n'a
 manqué son effet, n'était pas cette fois, sans justesse. L'assujettis-