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 172                  LA REVUE LYONNAISE
 derrière ses phrases alambiquees et entre les lignes. Mais, ici la
 forme importe peu, le fond est tout, et l'on ne peut méconnaître
 qu'il est intéressant de trouver sous la plume d'un écrivain du
 seizième siècle, bien qu'il soit un fervent disciple du droit romain,
 et qu'il n'ait pas d'ailleurs le mérite de l'innovation, une doctrine
 aussi nettement hostile au droit coutumier, avec des arguments
 qui se rapprochent autant de la théorie présentée de nos jours
 par une école généreuse et libérale.. Il n'est pas moins cu-
 rieux de voir la féodalité se tourner sur cette question contre elle-
 même, réagir contre la Coutume.qu'elle avait inspirée, sinon dictée
 à l'origine, et les arrière-petits-fils des barons qui avaient effacé
 du pommeau de leur épée les dernières traces; de la loi de Gonde-
 baud, donner le signal d'une réforme qui rétablit le testateur dans
 sa liberté primitive. Rubys s'abstient de faire un rapprochement
 qui lui a sans doute échappé, car il connaissait encore plus impar-
 faitement que nous l'origine de la plupart de nos Coutumes et ne
 s'avisait point d'en chercher le berceau dans les institutions féo-
 dales. Mais il est permis de suppléer à.son silence et d'admirer une
 fois déplus, en cette matière, la loi immuable de la mobilité des
 choses humaines. Même en ce monde, la justice et la vérité ne
 sont jamais éternellement violées : elles ont beau être obscurcies,
 tôt ou tard elles se font jour ; elles triomphent souvent parles cau-
 ses mêmes qui avaient d'abord assuré leur défaite,. Près de cinq
 siècles s'étaient écoulés depuis que .la féodalité, étendant son im-
 mense réseau sur la France, s'était flattée d'étouffer l'élément ro -
 main.au profit de l'élément germanique ; et. voici que cette liberté
 de tester, comprimée pour maintenir l'intégralité du fiefetl'opulence
 de ses possesseurs, est précisément revendiquée par la noblesse
comme le seul remède efficace à.la ruine dont elle se sent menacée.
Pour la conquérir, cette noblesse rompt avec ses traditions ; elle
brise la vieille loi qu'elle tient de ses pères, elle la déclare inique,
au grand scandale du tiers état, plus obstinément. attaché à sa
Coutume et qui proteste contre tout changement, parce qu'il ne
comprend pas encore quel puissant secours il trouvera dans la li-
berté testamentaire pour élever sa famille au niveau de l'aristocra-
tie. En lui faisant presque violence à cet égard, les nobles bourgui-
gnons étaient, confessons-le, plus intelligents des intérêts de la