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DU DERNIER R E C E N S E M E N T AMÉRICAIN 123 bison, l'ours gris et le caribou. Et maintenant Chicago compte plus de 600.000 habitants. Déjà en 1865, sir MortonPèto, membre de la Chambre des Communes, constatait1 que Chicago était le premier marché du monde pour les céréales, le bétail de tout genre et les bois de construction. C'est vers 1850 qu'on eut l'idée d'y faire une concurrence à Cincinnati, l&Porcopolis, comme on appe- lait cette dernière. En 1853, le nombre des porcs amenés à Chicago était de 25.000 ; en 1880, il se montait à 7.500,000. Vous entendez bien : sept millons cinq cent mille, sur lesquels il en a été expédié plus de cinq millions pour alimenter l'Amérique et l'Europe. Encore les rédacteurs du Chicago-Times prétendent que ce n'est là qu'un commencement. Et le commerce des blés ! en 1870, sur les quais; dans les élévateurs, les entrepôts et les docks de la cité géante, on en comptait 60.000.000 de boisseaux; en 1880, 160.000.000. Ces chiffres ont quelque chose de fantastique, il faut l'avouer ; mais nous n'inventons rien et, encore une fois, c'est le bureau central du dernier recensement qui les donne; ce bureau se compose de Yankees sérieux, froids et même flegmatiques, malgré l'ardeur au travail et aux entreprises qui semble le privilège particulier de leur race. Il ne faut donc pas s'étonner si une grande partie des émigrants qui passent de l'Europe aux Etats-Unis se dirige vers ces plaines de l'Ouest, où s'épanouit dans sajeunesseet saforce le géant américain. Ajoutez à cela que ces plaines fécondées par les détritus accumu- lés des siècles, n'ont pas besoin de fumure; que malgré la rigueur des hivers, la récolte y est luxuriante ; que, grâce au perfectionne- ment des machines, la dépense de main-d'œuvre y est devenue pres- que insignifiante, comme aussi le prix des frais de transport parles raihvays et les canaux qui sillonnent le pays dans toutes les direc- tions... Nous parlons de raihvays : en ce moment les capitalistes américains viennent de souscrire pourl'établissement de deuxlignes nouvelles, l'une au Nord, l'autre au Midi du grand Central-Paci- fique ; la première s'amorcerait à l'extrémité occidentale du lac Supérieur, et se dirigerait en ligne directe vers l'embouchure de l'Orégon; la seconde aurait Savannah pour tête de ligne, et par la Géorgie, l'Alabama, le Mississipi, le Texas septentrional, le Nouveau * Resources and prospects of A merica.