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                      LETTRES DE VALÈRE                            107
Rollin, contre la composition des bureaux de scrutin par des
comités révolutionnaires au lieu de conseillers municipaux, et en
faveur de l'inamovibilité de la magistrature.
   Mais lorsque Valère fit connaissance de la Liberté, Martial
Merlin l'avait quittée depuis le 24 mai. Ce qu'on nomme la cuisine
y était fait par un tout jeune homme, du nom de Curnillon. Le
rédacteur principal s'appelait Gh,W., plus tard rouge exalté, pros-
crit de décembre, à demi gracié, proscrit de nouveau après l'atten-
tat d'Osini, qui se jeta un court instant dans la dévotion, entra au
noviciat des dominicains à Oullins, le quitta, rentra dans l'armée
socialiste, fut rédacteur du Progrès, partout et toujours vécut
dans la misère, et de qui, après la mort, le 4 septembre trouva le
nom parmi ceux de la police secrète. Il n'était cependant point delà
race des malhonnêtes gens, mais « quand bourse s'estrécit, con-
science s'eslargit », dit un vieux proverbe. En janvier 1858, il avait
fait représenter aux Gélestins une comédie en un acte avec quelque
succès. Gomme on le félicitait le lendemain matin., au café de Lyon,
il tira tristement de sa poche la signification de l'arrêté d'expulsion
qui le concernait.
   Ce fut, je crois, par Jérôme Morin, le père de Frédéric, et dont
on essaya de faire un candidat àla députation en 1848, que Valère
eut entrée à la Liberté. Le journal était hospitalier et, n'ayant
aucune conviction, il avait cela d'agréable qu'on y défendait celles
qu'on voulait, Valère y écrivit, outre des articles politiques, dont
un très chaud, très vif, sous ce titre : Aux hommes religieux (23
septembre) deux longues et ennuyeuses études sur la philosophie
de Bûchez et les associations ouvrières. Il y entama un compte
rendu de l'exposition de la Société des Amis des Arts ( on serait
étonné qu'il en fût autrement), qu'il signa du nom prétentieux de
Roquairol, tiré d'un roman de Jean-Paul Richter, qui frappait alors
l'imagination de Valère, sans doute parce qu'il est incompréhen-
sible. Mais quoi! le sort malin s'obstinait à lui tirer les planches
de dessous les pieds. C'était le troisième travail de ce genre qu'il
commençait sans le pouvoir achever ; la Liberté mourait de maie
mort le 7 janvier 1849.
   L'abbé Joseph Doucet, y écrivit aussi beaucoup, alors professeur à
l'institution d'Oullins, tenue par l'abbé Dauphin, et qui, ayant quitté