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DE LYON A G E N E V E AU X V I I " S I E C L E o9 1 une marche de 3 milles, au bourg de Cerdon , où nous passâ- mes la nuit à l'auberge du Lion d'Or, hôtellerie assez modeste, mais cependant satisfaisante eu égard à la localité. Ce village, qui se compose de quelques maisons seulement, assez ornées à l'exté- rieur, est situé au fond d'une vallée et a pour seigneur le duc de Nemours. A la sortie de ce village, que nous quittons le lendemain, la route gravit, avec de nombreux circuits, une montagne escarpée. Ce trajet, qu'un homme à pied fait difficilement en une demi-heure, nous le faisons de grand matin.à la clarté delà lune, et par vin froid très vif. Arrivés au sommet, nous trouvons la glace et la neige. Si donc on suit cette route pendant l'hiver, il faut prendre garde que vos chevaux ne glissent et ne s'abattent. Dans ce parcours on rencontre le village de Mèrignan 2 et ce- lui de Saint-Martin 3, qui est situé à 2 milles plus loin. Au delà commence une plaine, où l'on ne parvient qu'après avoir fran chi une montagne peu élevée, servant de retraite aux voleurs, qui fré- quemment, dit-on, attaquent et dépouillent les voyageurs ''. Après une assez longue marche, on arrive à l'extrémité de cette vaste plaine, jusqu'à un endroit où les montagnes semblent s'ou- vrir pour former à votre droite une vallée, qu'il faut suivre pour se 1 Cerdon, commune du canton de Poncin. 2 Dans le trajet de Saint-Jean-le-Vieux à Cerdon, la route, suivie par Golnitz, pas- sait au village de Mérignat, commune du canton de Poncin. C'est donc par erreur que notre voyageur place cette localité au-delà de Cerdon, sans doute par suite d'une transposition de noms de lieux dans ses notes de voyage. 3 Saint- Martin-du- Fresne, village du canton de Nantua, où l'on remarque encore une tour de l'ancien château fort, construit, au moyen âge, par les sires de Thoire- Villars et démantelé, en 1601, lors de la conquête du Bugey, parles troupes de Biron. •* Golnitz veut-il parler ici de la montagne qui domine à l'ouest, le village de Maillât, et qui s'élève à 832' mètres au-dessus du niveau de la mer ? Si l'on interprète son récit de la sorte, il faudrait que le chemin suivi par notre voyageur contournât le flanc septentrional de cette montagne, pour franchir, au nord-ouest de Saint- Martin du Fresne, un col qui n'est situé qu'à une hauteur de 527 mètres. On s'ex- pliquerait ainsi qu'il n'ait pas passé au village de Maillât, dont il ne parle pas. Sinon, il faut admettre qu'il s'agit de l'éminence que la montagne de Charmoise projette dans la plaine de Brion et sur laquelle est bâtie une partie du village actuel de Saint- Martin du Fresne, qui était, sans aucun doute, beaucoup moins important au dix-sep- tième siècle que de nos jours. Toutefois cette interprétation n'est pas sans quelque difficulté. Est-il possible, en effet, qu'il existât, à cette époque, si peu de sécurité sur nos grandes routes, pour qu'à la porte d'un village, les voleurs pussent détrousser im- punément les voyageurs ?