Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                UNE MYSTIFICATION        SCIENTIFIQUE                45
rallumer son flambeau. Mais, pour bien des raisons qu'il est facile
d'apprécier, cette renaissance a été très incomplète ; aussi les ma-
nuscrits sanscrits du nord sont-ils fautifs et frustes, eu égard aux
riches et précieux dépôts des provinces méridionales.
   Or M. Jacolliot a eu ceux-ci à sa disposition, et l'on comprend
sans peine maintenant comment il a pu savoir les merveilleuses
choses qu'il nous apprend sans que les savants anglais aient été à
même de les connaître. Quant aux manuscrits que renferment les
bibliothèques d'Europe, et bien qu'ils aient été amassés au hasard
dans toutes les provinces de l'Inde, ils ne pouvaient contribuera ce
qu'on le prévînt dans ses découvertes, attendu que — M. Jacolliot
nous l'affirme à vingt reprises — le sens en est hors de la portée
de ceux qui ne vont pas dans l'Inde même demander aux brahmanes
de les leur expliquer.
    Malheureusement pour cette ingénieuse théorie, M. Jacolliot nous
dit quelque part 1 que la province de Tandjore est une de celles où
s'est conservée l'antique civilisation et les livres antiques. Pour lui
cette fois le silence eût été d'or : cette simple indication jetée en
passant et qui n'a l'air de rien, permet à elle seule de battre en brè -
che tout son édifice. Il vient de paraître en effet, par les soins d'un
savant anglais, M. Burnell, un catalogue de la bibliothèque de la
 capitale de cette province. Ce beau travail, exécuté avec toute
 la rigueur des méthodes européennes et qui contient l'analyse
 abrégée de plus de dix mille ouvrages, ne nous en signale au -
 cun pourtant qui permette de croire que le sud ait autre chose
 de très important à nous apprendre sur l'antique civilisation
brahmanique, que ce que nous en savions déjà par les livres que
M. Jacolliot appelle ceux du nord, par opposition aux livres du
midi.
    La publication de ce catalogue suffît donc pour établir claire-
ment la nullité des raisons sur lesquelles s'étaye M. Jacolliot pour
expliquer l'étendue unique de son savoir en matière d'archéologie
 et de philologie indoues, et les conséquences merveilleuses qu'il lui
a été donné d'en tirer le premier.
    M. Jacolliot aurait-il donc voulu tout simplement faire œuvre

  1
      Les Fils de Dieu, p. 22.