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         BIBLIOGRAPHIE LYONNAISE AU XVE SIECLE                       17
seul une témérité. Bien plus douce est leur récompense. Elle est
dans l'intensité de la jouissance apportée à ceux qui les lisent et sa-
vent les juger, et dans leur gratitude. Le zèle de toute secte s'ac-
croît en raison même du petit nombre de ses adhérents. Or, les
vrais bibliophiles sont fort peu nombreux, mais aussi avec quelle
douce émotion ils saluent toutes les découvertes dont s'augmente
leur domaine ! Un des plus célèbres d'entre eux, Mercier Saint-Lé-
ger, lorsqu'il avait rencontré un volume curieux, le serrait sous
son bras et disait en l'emportant: Voilà du bonheur pour au
moins deux ou trois jours, et l'expression n'a rien d'exagéré.
    Si nous trouvons ainsi une véritable mais brève félicité dans la
rencontre d'un objet dont la rareté est parfois le seul mérite, ne
devons-nous pas accueillir, avec une joie plus sérieuse et plus per-
manente, l'avènement d'un livre dans lequel, en s'attaquant à l'ori-
gine même de l'art producteur de toutes ces curiosités, l'auteur
soulève un coin des ténèbres dont elle est entourée ? Telle est la
portée de l'œuvre par laquelle Glaudin aborde ses Antiquités typo-
graphiques. L'Institut a reconnu son importance en la couronnant,
et nous, Lyonnais, nous sommes particulièrement intéressés dans
cette première étude, puisque notre ville a été le lieu où son héros
est venu définitivement s'établir et où, suivant toute probabilité, il a
dû rendre compte à Dieu de sa vagabonde existence.
    Je débuterai pourtant par une critique, bien anodine à la vérité.
Les premiers imprimeurs étaient ils ambulants ? Ou, y eut-il
d'abord des imprimeurs ambulants?Bien des auteurs le soutiennent.
D'après La Serna Santander, la vie nomade de Jacobinus Suigus
ou Suigo, qui exploita tour à tour les villes de Venise, Turin, Ver-
ceil, Chivasso et Lyon, serait l'irrésistible démonstration de cette
vérité. M. Desbarreaux-E^ernard s'étonnait du moindre doute à cet
égard. Claudinpartage cette opinion ;il la discute et citepour exem-
ple à son appui les quatre et cinq résidences successives de Neu-
meister. D'autres, au contraire, sans nier certains faits acquis, con-
testent cette manière devoir. A. Bernardrdans son ouvrage sur l'ori-
 gine et les débuts de l'imprimerie en Europe, t. II,p. 201, s'exprime
ainsi : Il n'est pas exact de dire, comme quelques bibliographes
 l'ont fait, qu'il y avait autrefois des imprimeurs ambulants,
portant leur attirail de ville en ville, imprimant ici et là.
     JANV. 1881. — T. I.                                        2