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— 168 — Hospices de Lyon, qui avaient fait des dons de terrain pour la construction des nouvelles rues, demandèrent que ces rues portassent les noms de quel- ques-uns de leurs bienfaiteurs. Une délibération du conseil des Hospices du 16 mai 1827 nous l'apprend explicitement. Le conseil demande que « la rue à ouvrir en face du dôme de l'Hôpital s'appelle rue de la Part-Dieu, que la rue à droite porte le nom de Mazenod, la rue à gauche rue Servient en mémoire de la donation du domaine de la Part-Dieu faite par M me de Ma- zenod, veuve Servient, que les autres rues porteront les noms de Dunoir, de Bonnel, de Chaponay, donateurs de trois propriétés aliénées dans l'intérêt des pauvres » (1). Ainsi fut tracé d'un coup, avant 1830, le cadre du nouveau quartier de la Guillotière, celui de la plaine (Préfecture et Part-Dieu). On voit combien il va différer du quartier ancien de la place du Pont, et de la Grande-rue. Cependant ce serait une grosse erreur de croire que les maisons à plu- sieurs étages, solidement construites, y sont apparues de suite, dès 1830. Pendant longtemps, au contraire, les maisons édifiées dans ce cadre de rues ont ressemblé à celles que l'on rencontre encore aujourd'hui dans certaines parties de la rue Vendôme ou de la rue Duguesclin : maisons basses, bâties en pisé, rarement en briques et exceptionnellement en pierres. C'est qu'en effet la population en majeure partie ouvrière qui vint habiter ce quartier ne pouvait payer des prix de location élevés. D'autre part, les Hospices faisaient des baux de prix modiques sans doute mais très précaires, de quinze à vingt ans, car le terrain qui n'avait qu'une faible valeur pouvait en prendre rapidement au fur et à mesure du développement de la Guillotière. Les Hospices louaient donc leur terrain à des entrepre- neurs qui y faisaient bâtir des maisons sommaires et les louaient à leur tour. On eut ainsi dans les cadres d'une belle ville des maisons tristes et pauvres. Une cause plus importante peut-être du retard dans le développement des habitations dans la plaine basse fut le manque de sécurité vis-à -vis des (1) Archives municipales, dossier O 1 , Rues de la Guillotière. L'avenue de Saxe, le cours Bourbon (actuellement de la Liberté) étaient déjà projetés ainsi que le prolongement des rues transversales des Bro- teaux.