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                 LA REINE DES TILLEULS
      A quoi tient la renommée ! Si le côté sud de notre place Bellecour était, comme
autrefois, plantée de tilleuls, on parlerait sans doute encore de celle qui en fut quelque
temps la reine. Mais depuis que — au début de 1850 — les tilleuls contemporains
d'Henri IV et de Sully, ou leurs successeurs I, ont été remplacés par des marronniers,
les ombrages de la nouvelle promenade n'évoquent plus que pour quelques très vieux
Lyonnais le souvenir de « la belle madame Girard ». La mémoire de cette reine éphé-
mère n'a guère survécu à la transformation de son royaume débaptisé.
      Ce royaume ne ressemblait guère, il y a cent ans, à ce qu'il est aujourd'hui, La
place Bellecour, aménagée peu à peu en place d'armes et en promenade depuis 1609,
prolongée jusqu'au Rhône en 1681, ornée d'un premier « cheval de bronze » en 1713,
comprenait, en 1822, trois parties bien distinctes : la Place, la Promenade des Tilleuls
et le Pré de Bellecour.
      La place proprement dite était simplement entourée de banquettes en pierre. La
promenade des Tilleuls formait un quadrilatère irrégulier ou plutôt une sorte de long
triangle tronqué dont la base se trouvait près de la façade ouest. Deux allées, bordées
chacune d'un rang d'arbres, longeaient ses côtés nord et sud, et, entre ces deux allées,
les tilleuls étaient plantés en quinconce, au nombre de huit ou neuf en face de l'hôtel
de La Valette 3 et de la rue du Peyrat, de trois seulement vers la Charité. — Enfin,
séparée des tilleuls par un mur bas et de la place par une rangée de bancs de pierre, de
« cadettes », une longue pelouse, large partout de 17 mètres 40, allait de la façade ouest
à la façade est, entre la place et la promenade. Cette pelouse s'appelait le Pré de Belle-
cour.
      C'est sur le Pré de Bellecour, du côté de la Charité, qu'on établit, en 1827, le
corps de garde, installé alors « dans l'enceinte consacrée aux travaux de la statue » de
Lemot. Le nouveau corps de garde, construit en « forme de tente » et peint « couleur
coutil », fut occupé depuis le 14 mai 1828. Il avait coûté 7.000 francs et pouvait abriter
cinquante hommes.
      L'année suivante, les exigences de la symétrie décidèrent le Conseil municipal à
donner un pendant au corps de garde et Ă  mettre en adjudication la construction et la
location d'un café à élever sur le Pré de Bellecour, près de la façade ouest, là où est
aujourd'hui la « Maison Dorée ».

      1. Le 21 janvier 1609, un jardinier du nom de Louis Biturier s'était engagé à fournir à la ville 300 tilleuls
qu'il planterait des deux côtés du jeu de mail, avec un rang au milieu du jeu. D'après Morel de Voleine, les
survivants de ces premiers tilleuls furent tous arrachés et remplacés en 1738.
     3. L'hôtel Mascrany, appelé « la Maison Rouge», l'hôtel de « la Valette »ou « de Malte », démoli en 1865;
aujourd'hui représenté par le n° 33 de la place Bellecour (angle de la rue du Peyrat).
     Rev. Lyon.                                                                                          6