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— 58 — faisait en lui de son meilleur général I. Cette retraite consterna ses nom- breux amis à qui, sans compter, il dispensait les trésors de son expérience et ses vastes connaissances. Dans le calme de son premier exil, long de vingt- huit ans, Philanthropène avait dû, en effet, beaucoup étudier. Comme tous les esprits intelligents de son siècle, il voulait avoir des lumières sur tout. Il avait la parole agréable et persuasive, et il avait écrit de nombreux ouvrages techniques et des discours fort admirés de ses contemporains. Paré de tou- tes les connaissances et de toutes les qualités, il incarnait les hautes vertus des héros d'autrefois 3. On aimait à fréquenter ses réunions littéraires et on le consultait volontiers. N. Gregoras lui envoyait ses ouvrages et tirait vanité de ses compliments. Bien mieux, Gregoras déclarait que, depuis longtemps, il l'avait pris pour maître et il abandonnait même ses cours et ses disciples pour aller jouir de sa conversation 3 ; car, lui écrivait-il, « n'était-ce pas un rare bonheur d'être le contemporain d'une aussi grande vertu et ne serait-ce pas un crime de n'en point profiter ? » 4. Ainsi, même dans la disgrâce, Philanthropène était entouré de nom- breux amis. Mais il se faisait âgé et, cependant, sa renommée de général ne vieillissait pas. Or, Andronic III venait de perdre maladroitement Lesbos 5. Il se repentit de tenir Philanthropène en un demi-exil, et, comme Andro- nic II, l'avait rappelé au moment du danger, il le rappela lui aussi en 1334. Il l'envoya au secours de Lesbos, avec quelques troupes. Philanthropène ne pouvait pas, avec leur aide, reconquérir l'île ni même tenter le siège de Mithylène. Il eut recours, une fois de plus, à la ruse. Mithylène était défendue par une garnison de 500 mercenaires latins. Il les fit venir secrètement, par groupes de deux ou trois, les combla d'ar- gent ou de cadeaux et les embarqua pour l'Italie. Il réussit ainsi à vider de sa garnison la place forte et il s'en empara aisément. C'était là , déclare Grego- ras, « le fait d'un homme d'une profonde expérience et d'une rare intelli- gence ». Peu après, il sauva également une île assiégée par laflotteturque. Ce fut sa dernière victoire. Il avait retrouvé alors sa popularité d'autrefois. Il avait bien l'air « d'avoir été envoyé par Dieu pour servir d'exemple aux hommes et leur 1. N. Gr., Cod. Par. Gr., 3040, f° 96 2. — 2. Id., f° 93% — 3. Id., f° 93 2 . — 4. Id., f° 219 '. 5. N. Gr., XI, 2, et Cantacuzène, II, 29.