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— 54 — I « comme d'un levraut » . Mais « la Providence se joua de lui ». Aveuglé par elle, il s'attaqua d'abord au plus faible de ses adversaires, Théodore. Il per- mit ainsi à Livadaire de prévenir Andronic II, et, en attendant des secours, de réunir une armée, aussi puissante que possible. De tous les points de son gouvernement, Livadaire fit venir des troupes ; de Philadelphie, il se fit envoyer de fortes sommes d'argent, prélevées sur le trésor impérial, et les distribua à ses soldats. En moins de dix jours, il avait une armée imposante. Il s'établit en pleine Lydie et attendit Philanthropène. Cependant ce dernier refusait toujours de prendre le costume impé- rial. Désespérait-il du succès final ? Voulait-il se réconcilier avec Andronic II et acheter son pardon et sa liberté en livrant ses complices ? Dans ce cas, les Cretois seraient les premiers exposés à la vengeance du basileis et paie- raient de leur vie leur dévouement à Philanthropène. Ainsi raisonnait Chortatzès, leur chef, qui se mit aussitôt secrètement en relation avec Livadaire. Il lui fit connaître ses soupçons et l'hésitation de Philanthropène. Livadaire, tout heureux d'éviter une bataille rangée, d'où il craignait de sortir vaincu, proposa à Chortatzès l'amnistie, sans compter de hautes récompenses pour lui-même et ses compatriotes, s'il lui livrait Philanthro- pène vivant. Pour ne pas éveiller les soupçons, il l'engageait à rester au service de son chef. Au début de la bataille qui allait se livrer, il manœuvre- rait de manière à entraîner Philanthropène dans les lignes ennemies. Les Cretois auraient l'air ainsi d'être restés fidèles à Andronic et d'avoir été contraints par leur petit nombre de demeurer sous les étendards de Philan- thropène 3. Chortatzès acquiesça. Toutefois, au souvenir des bontés de Philan- thropène, il voulut tenter une suprême démarche auprès de lui. Il lui en- voya une délégation pour le convaincre de la nécessité de se proclamer ouvertement empereur. A la veille d'une bataille décisive, il lui était indis- pensable de le faire, pour rallier les indécis. S'il refusait, les Cretois étaient décidés de l'abandonner, car son refus révélerait clairement sa secrète intention de se réconcilier, à leurs frais, avec Andronic II3. Mais Philanthropène le prit de haut. Il répondit qu'il n'avait d'ordres à i. Pachym., Id., III. 9. — 2. Id, — 3. Pachym., Id., III, 10.