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— 52 — El Philanthropène, en effet, tenta, l'automne 1296, de se proclamer empe- reur. Les lettres de M. Planude sont, malheureusement, antérieures à cet événement. Grégoras, né en 1295, passe rapidement sur la révolte et tente d'excuser Philanthropène, son ami. Quant à Pachymère, il rapporte la dé- fection, en détail J , et son témoignage est d'une assez grande valeur, car il est, sinon hostile, du moins peu favorable au général. La solde était alors très irrégulièrement payée. Jusque là , Philanthro- pène avait fait patienter son armée, en la payant surtout sur le butin ; mais, dès l'été de 1296, il en fut incapable. La paix régnait. Le mécontentement grandissait parmi les troupes. Les Cretois, en particulier, se plaignaient le plus haut, car ils étaient tout puissants auprès de Philanthropène. Or, ils apprirent 3 que Livadaire, commandant la région de Néocastra, était jaloux des succès de Philanthropène. Il craignait de le voir enivré par ses victoires, se proclamer empereur, et le tuer le premier, comme étant le plus puissant de ses voisins. Les Cretois, forts de ces renseignements, décidèrent d'inciter Philan- thropène à la défection. Ils trouvèrent des complices, habiles et influents, en la personne de deux moines : Tarchas et Melchisédec. Le premier, un Occidental, était l'ami intime de Philanthropène et, à cette époque, hyper- higoumène du monastère des Sanides. Acropolite Melchisédec, fils du grand logolthète George Acropolite, était l'oncle de la femme de Philan- thropène. Esprit inquiet et retors, à qui la solitude du cloître pesait, il poussait Philanthropène à faire la guerre sans répit 3. Ces deux moines joignirent leurs perfides conseils à ceux des Cretois. Ils allèrent trouver Philanthropène et lui montrèrent l'armée, mécontente de ne pas recevoir sa solde et prête à se soulever contre Andronic IL Déjà même les soldats ve- naient, par groupe, saluer Philanthropène comme s'il était basileus. Chaque jour, les Cretois assiégeaient le général, indécis et troublé. Par tous les moyens, ils ébranlaient sa volonté. Il n'avait rien à redouter. Depuis 1. Pachym, M., III, 9-13. — 2. N. Grég., VI, 8. — 3. M. Plan., let. 99.