page suivante »
— 31 — rieur gauche, un rhyton est placé au-dessus d'un canthare, celui-là sur un socle en l'air, celui-ci sur une base taillée dans la crête même du pli de terrain. Comarmond n'a pas vu que la pardalide était nouée par les deux pattes antérieures au cou de Bacchus et lui servait de manteau. Il affirme que « des bandelettes nouées sur le devant lui servent de collier » et que l'un des comparses « tient une peau de tigre ou de panthère sur laquelle doit s'éten- dre le héros ». Il a cru voir, à la droite du dieu, « deux bacchantes armées de leur thyrse et deux faunes ». Il a pris la torche du dernier comparse à sa gauche pour « une espèce de trident » et le tympanum pour « un bouclier à tête de Méduse ». Il a situé le prétendu trident derrière le personnage — « l'autre porte derrière lui » — et le prétendu bouclier dans sa main droite. Bref, il a fait preuve ici de l'inattention et de la négligence que nous avons eu déjà souvent à lui reprocher. En outre, une fois de plus, sa manie de la signification erotique a faussé son exégèse. Bacchus « semble attirer à lui dans sa chute une jeune bacchante qu'il tient par le bras droit ; un senti- ment d'amour semble n'être point étranger entre lui et cette femme dont la main gauche lui caresse le menton... On se dispose à l'étendre sur une peau de panthère... Il semble savourer les plaisirs du vin et ne point oublier ceux de l'amour ». Si Comarmond a mieux identifié que Grandperret, Thierriat et Branche le personnage principal, il a eu le tort, comme les deux premiers, de le croire « vaincu », non seulement par l'ivresse, mais aussi par « la volupté ». Deux motifs dont les monuments figurés de l'antiquité grecque et romaine offrent bien des exemples se combinent dans le tableau que nous venons de décrire : d'une part, le thiase ou cortège de Bacchus 1 ; d'autre part, Bacchus ivre, appuyé tantôt sur une seule, tantôt sur deux béquilles vivantes 3. Pour l'ensemble, je ne connais aucune peinture en mosaïque ni même aucun autre monument, qui rappelle de façon frappante la scène pittoresque de notre mosaïque Contamin. Mais notre Bacchus, avec les deux personnages qui le flanquent, est à rapprocher du trio analogue qui i. Voir dans Daremberg et Saglio, Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, l'article Maenaies (vol. III, p. 1479 et suiv.). a. Voir ibid., l'art. Satyri (vol, IV, 3, p. 1.095).