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rieur gauche, un rhyton est placé au-dessus d'un canthare, celui-là sur un
socle en l'air, celui-ci sur une base taillée dans la crête même du pli de
terrain.
      Comarmond n'a pas vu que la pardalide était nouée par les deux pattes
antérieures au cou de Bacchus et lui servait de manteau. Il affirme que « des
bandelettes nouées sur le devant lui servent de collier » et que l'un des
comparses « tient une peau de tigre ou de panthère sur laquelle doit s'éten-
dre le héros ». Il a cru voir, à la droite du dieu, « deux bacchantes armées de
leur thyrse et deux faunes ». Il a pris la torche du dernier comparse à sa
gauche pour « une espèce de trident » et le tympanum pour « un bouclier à
tête de Méduse ». Il a situé le prétendu trident derrière le personnage
— « l'autre porte derrière lui » — et le prétendu bouclier dans sa main
droite. Bref, il a fait preuve ici de l'inattention et de la négligence que nous
avons eu déjà souvent à lui reprocher. En outre, une fois de plus, sa manie
de la signification erotique a faussé son exégèse. Bacchus « semble attirer à
lui dans sa chute une jeune bacchante qu'il tient par le bras droit ; un senti-
ment d'amour semble n'être point étranger entre lui et cette femme dont la
main gauche lui caresse le menton... On se dispose à l'étendre sur une peau
de panthère... Il semble savourer les plaisirs du vin et ne point oublier ceux
de l'amour ». Si Comarmond a mieux identifié que Grandperret, Thierriat
et Branche le personnage principal, il a eu le tort, comme les deux premiers,
de le croire « vaincu », non seulement par l'ivresse, mais aussi par « la
volupté ».
     Deux motifs dont les monuments figurés de l'antiquité grecque et
romaine offrent bien des exemples se combinent dans le tableau que nous
venons de décrire : d'une part, le thiase ou cortège de Bacchus 1 ; d'autre
part, Bacchus ivre, appuyé tantôt sur une seule, tantôt sur deux béquilles
vivantes 3. Pour l'ensemble, je ne connais aucune peinture en mosaïque ni
même aucun autre monument, qui rappelle de façon frappante la scène
pittoresque de notre mosaïque Contamin. Mais notre Bacchus, avec les
deux personnages qui le flanquent, est à rapprocher du trio analogue qui

   i. Voir dans Daremberg et Saglio, Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, l'article Maenaies
   (vol. III, p. 1479 et suiv.).
   a. Voir ibid., l'art. Satyri (vol, IV, 3, p. 1.095).