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— 14 — entièrement faite pour notre région, d'où une extrême difficulté pour suivre l'évolution des idées dans une partie du clergé séculier et régulier et dans les deux autres ordres de la nation. Travail d'ailleurs presqu'impossible, puisque les discours et les conversations passent sans laisser de traces, et qu'un mystère voulu enveloppe les actes de ce petit monde des philosophes. Je sais bien qu'il y eut un terrain où la politique n'exerça guère d'in- fluence, c'est celui des communautés religieuses. Certes, les nouveaux dé- tenteurs du pouvoir pouvaient difficilement leur être sympathiques, mais c'est contre les atteintes portées à leur liberté'religieuse que ces âmes se révoltèrent, sans éclat d'ailleurs, continuant avec une héroïque fidélité les pratiques défendues, cachant, au péril de leui vie, leurs prêtres proscrits. Je comprends que l'Eglise désire proposer comme modèle ces martyrs dont les Actes furent parfois aussi beaux que ceux des victimes des premières persécutions. Tableau bien émouvant que celui de la vie intime de certaines de ces âmes. Dans ce milieu, où les cadres officiels sont presque détruits, on voit fleurir des formes nouvelles de piété, des associations pieuses vouées à la réparation et à la pénitence, auxquelles le secret, rendu nécessaire par la persécution, ajoute encore je ne sais quel charme. Le culte du Sacré-Cœur de Jésus a beaucoup rayonné durant ces années de la Terreur, symbole expressif des vertus que les circonstances tragiques imposaient plus que jamais aux fervents. Les termes magnifiques dans lesquels Chateaubriand dépeint la renaissance du catholicisme au lendemain du Concordat restent gravés dans la mémoire. La réorganisation des diocèses sous un régime si nouveau, avec un clergé où des émigrés coudoyaient des jureurs repentis, ne se fit pas sans heurt. A Lyon en particulier, où les passions politiques étaient très vives, il fallut, pour réaliser cette tâche délicate, toute la sagesse de l'abbé Courbon qui, pendant l'épiscopat du cardinal Fesch, gouvernait le diocèse. Mais à côté de cette réorganisation administrative, il y eut une double