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bulatoire ni chapelles rayonnantes, même au xm e siècle, et aux motifs
antiques dans la décoration. Le voyageur lyonnais qui va à Rome, quand il
visitera par exemple la petite église des Quatre-Couronnés, sera frappé de
retrouver, se détachant sur le ciel bleu d'Italie un dôme semblable à celui
qui couronne le transept de Saint-Martin-d'Ainay.
      L'étude de la partie décorative de notre primatiale Saint-Jean évoque-
rait aussi le monde des croyances des intellectuels lyonnais du xm e siècle.
Ces grands ensembles théologiques, par le sens qu'ils contiennent du sym-
bolisme scripturaire et l'harmonie qu'ils révèlent dans leur disposition,
prouvent l'intervention des clercs pour diriger les divers artistes dans le
choix et l'équilibre des sujets. Les sculpteurs de la façade, qui ont survécu
aux dévastations des xvie et xvme siècles, nous montrent, à côté des scènes
de l'évangile et de la vie des saints, les légendes en honneur comme le lai
d'Aristote, les bestiaires merveilleux, ou les allégories de la vie humaine.
Au fond de l'abside, le grand vitrail de la Rédemption, avec les scènes
symboliques inscrites dans l'ornementation des bordures, a toute l'allure
d'un mystique poème sur le rachat du monde. A mesure que les études sur
les arts et la littérature du moyen âge iront en s'enrichissant, avec les
méthodes de Bedier, d'Emile Mâle et de Brehier, une étude nouvelle des
sculptures de Saint-Jean pourra être tentée, dans laquelle on ferait ressortir
cette disposition de l'âme chrétienne aux XIIIe et XIVe siècles, qui ne voit
 dans la création qu'un reflet, ou plutôt un symbole du monde des âmes.
      Ce même sens de la mesure, nous le retrouverons dans notre liturgie
lyonnaise. Les usages que nous avons conservés sont, semble-t-il, ceux de
la liturgie romaine, imposée à Lyon par Leidrade, quand le conseiller de
 Charlemagne restaura sa ville épiscopale ruinée par les invasions. Toute-
fois, demeurèrent quelques survivances de la liturgie dite gallicane en
 usage auparavant. Chants et cérémonies n'étaient point faits pour exciter
 une sensibilité morbide. Le seul plain-chant demeure en usage exclusif
 jusqu'au delà du XVIIe siècle et les gestes liturgiques sont réduits aux céré-
 monies les plus essentielles. Si nous avions conservé les anciennes disposi-
 tions du chœur de Saint-Jean, nous verrions chaque officiant « rentrer dans
 le rang » que lui assigne la hiérarchie dès qu'il a fini de remplir les fonctions
 de son ordre. Une étude détaillée et impartiale des discussions relatives à la