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l68                  LA PLÉIADE FRANÇAISE

sèment contribuer à diriger la poésie elle-même vers les
voies nouvelles qu'ils rêvaient.
   C'est aussi bien ce que va nous dire en propres termes
Pontus de Tyard, — dont il suffit de mentionner en pas-
sant les Erreurs amoureuses, 1549, visiblement inspirées de
la Délie de Scève, et d'ailleurs insignifiantes, — mais dont la
traduction des Dialoghi d'amore, de « Léon Hebrieu», c'est,
dit-on, le pseudonyme de Juda Abrabanel, fils d'Isaac, le
célèbre rabbin (1), et les Dialogues philosophiques méritent
qu'on s'y arrête un moment. Il était gentilhomme, aussi
lui, de grande famille comme Ronsard, comme du Bellay,
et s'il n'était pas précisément Lyonnais, étant né au château
de Bissy, dans les environs de Chalon-sur-Saône, c'était à
Mâcon qu'il avait fait, depuis 1538, son principal établis-
sement, et c'était à Lyon qu'il avait toutes ses relations. Il
admirait beaucoup Maurice Scève :
                   Scève si haut son sonna
                   Sur l'une et l'autre rivière,
                   Qu'avec son mont Fourvière,
                   La France s'en étonna.
                   Qui premier la course a pris
                   Pour la louable carrière,


                   Premier emporte le prix
                   Auquel tous vont aspirant...

  Ht, ainsi qu'on le voit, ce n'était pas seulement la pri-
mauté, mais la « priorité » qu'il revendiquait pour l'auteur
de Délie, dans la carrière désormais ouverte à cette Pléiade
dont lui-même, Pontus, faisait alors partie. Ce qui le carac-

   (1) Isaac Abrabanel, né à Lisbonne en 1437, mort à Venise en 1508.
Ses Commentaires sur l'Ancien Testament sont demeurés, dit-on,
classiques.