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H2 L'ÉCRIVAIN CLAUDE DU VRRDIER YAnticalon. Pierre Brun emploie cent onze lourdes pages à l'accabler de son mépris, de ses injures et de son érudition. Il lui paraît intolérable surtout que l'auteur ait caché son nom, et il ne peut expliquer cette lâcheté que par l'extrême corruption du siècle. L'offense faite ouvertement à un homme de cœur est plus facile à supporter que l'impu- dence anonyme « de celuy qui l'escorche, qui le fouette, qui le deschirc en son absence. De ceste phrénésie est poussé je ne sçay quel grammatiste qui a débagoulé en une coquille de noix une Iliade de calomnies contre Claude du Verdier, voulant, par un insoient Anticaton, condamner sa Cension, ouvrage docte et industrieux, et que nul n'abayera, s'il n'obéit aux influences de ce nouveau Anticaton. Je me suis estonné, au premier sueil de son livre, comme il estoit possible de trouver tant d'impostures, de satyres et de mali- gnité en un homme seul. Quelle nouvelle correction est-ce là ? Prendre pour argument la calomnie, les risées pour fondemens de ses propositions ? Cela ressent-il l'harmonie des lettres humaines ? Tel est nostre Anticaton ; pour paîstre sa cholère, il eontrouve des fadèzes: insigne Ardélion, contre lequel, malgré moy, j'ay esté contrainct prendre les mesmes armes dont il a pensé combattre du Verdier, et par icelles luy monstrer sa témérité accompagnée d'une insupportable ignorance. » Brun va donc à son tour prendre le ton facétieux. Il s'y est efforcé du moins ; il a versé dans son livre des traits qui certainement lui ont paru très heureux, et il a cru plaisant d'appeler l'auteur inconnu « une grosse beste Arcadique, qui mort du Verdier avec des dents plus longues que ne les ont les géans du Péru ». Pierre Brun est si content de son esprit, qu'il jette en finissant un regard satisfait sur son apologie, ne doutant pas qu'elle ne soit à l'auteur de l'An-