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286 AU PAYS DES CHOTTS Le drapeau tricolore monte et s'abaisse par trois fois pour signaler la terre, des pavillons flottent à tous les mâts, les signaux se multiplient, le ronflement monotone de la machine se fait plus doux, comme épuisé ! Et tout à coup le spectacle nous saisit quand même par sa grandeur. A gauche d'immenses rochers noirs, assises colossales d'un escalier de géants, s'étagent jusqu'au sommet arrondi du pic de Zaghouan coiffé de brouillard ; à droite, une colline verdoyante étend languissamment ses gracieuses ondulations. Ce sont maintes villas qui s'abritent sous de larges palmes, de beaux jardins, d'immenses champs d'orge, Bour-Saïd le village des riches Tunisiens enfoncé dans un nid de verdure comme une coquette en son boudoir. C'est surtout, tout en haut, dominant l'espace de sa masse imposante, la cathédrale de Carthage, la mère des Églises d'Afrique, élevée là en plein ciel par le génie de celui qui a pétri ces régions de sa puissante volonté et qui y dort, cardinal illustre, sous une pierre nue.. Plus près de nous, les maisons se pressent, s'alignent; baraquements de bois, façades de pierres, murs blancs et lisses presque sans ouvertures, clochers surmontés de la croix, minarets où se dresse le croissant ; c'est la ,Goulette, l'ancien port de Tunis. En face, enfin, une plaine immense, verte, maré- cageuse, semble, tarit elle est basse, continuer la mer avec des îlots de palmiers surgissant çà et là . La « Ville de Barcelone » s'avance à présent entre les deux rives dé boue d'un canal creusé à travers un lac sans fond. Sur l'étroite chaussée, des ânes, des chameaux se montrent déjà , chargés d'herbes. Sur le lac la vie pullulle ; des oiseaux de toutes espèces s'ébattent, de grands flamants, l'air rêveur, nous regardent passer. Bientôt le canal s'élargit, c'est Tunis présentant le bel alignement de ses