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258 UNE VISITE ARCHIÉPISCOPALE on établira sans effort la différence, nécessaire à souligner, entre la réalité certifiée par des témoins, et la vraisem- blance, qui en est l'image, projetée dans la tradition, ou dans notre propre esprit. Nous ne dirons rien, au moins, qui ne puisse se prouver et se défendre (1). I Ce ne fut pas l'importance ou la notoriété du lieu, qui' conduisit le fameux prélat, dont nous nous occupons, sous le toit hospitalier qui l'abrita quelques jours. Le village de Jas compte encore aujourd'hui parmi les plus humbles du département de la Loire et, à cette date reculée, il n'était, pour ainsi dire, pas né. Sur réminence conique, dont la Loire baigne le pied, emportant dans son lit des quartiers de roches roulées et brisées, le logis seigneurial était isolé ; à peine voyait-on à l'entour deux ou trois cabanes de serfs, destinés à la culture des terres, au soin des troupeaux et aux plus grossiers ouvrages. L'église n'était pas bâtie ; la route à peine battue; la forêt s'étendait sur les pentes de tous les coteaux et ses retraites, inaccessibles à tout autre qu'aux initiés, cachaient des pierres gigantesques, aux formes bizarrement entassées et branlantes sous la main d'un enfant ; on racontait qu'elles avaient jadis servi à des (1) La charte visée est le 11° 834: CARTULAIRE DE L'ABBAYE DE SAVIGNY PUBLIÉ PAR AUG. BERNARD ; Paris, Imprimerie Impé- riale, i8jp Le copiste, distrait ou embarrassé, a substitué un L au J, Laas pour Jaas ; mais l'erreur est évidente par le contexte ; elle n'a pas échappé au savant éditeur qui l'a tout de même maintenue à l'impression.