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128                     SOUVENIRS LYONNAIS

qu'il le considérait comme l'organe par lequel circulerait la
sève devant animer cette vaste plaine sur la rive gauche du
Rhône.
    Une gravure de Bidault montre, en 1772, le pont à moi-
tié construit. Il a été terminé en 1774 et livré à la circula-
tion en 1775, comme le témoigne l'inscription mise par
Martini et Lebas à la gravure publiée en 1817 et représen-
tant le pont Morand.
    Le vieux pont, en bois, vient de disparaître, et un superbe
pont en fer, construit par notre confrère M. Tavernier,
ingénieur des ponts et chaussées, l'a remplacé en 1890.
Mais le nouveau pont, Dieu merci, conserve le nom de
Morand. Rendons encore ce témoignage à l'esprit d'inven-
tion qui caractérisait l'éminent architecte : dans un remar-
quable projet de rénovation pour la ville de Lyon présenté,
en 1764, au Consulat, Morand avait proposé la suppression
des vieilles maisons qui bordaient la Saône depuis Pierre-
Scize jusqu'à Saint-Georges, la démolition de la rue de la
Pêcherie, et la construction d'une rue, exactement placée
où fut ouverte la rue Centrale au milieu du xixe siècle,
allant de la place des Terreaux à la place Bellecour.
    Napoléon, lorsqu'il vient à Lyon, trouve les maisons de
 la rive droite démolies; mais la rue et le port « de la Pes-
 cherie » subsistent : il en ordonne la démolition (1). Il est,
 en effet, frappé de l'importance que les quais ont pour
 notre ville, et encourage vivement la municipalité à conti-
 nuer l'œuvre déjà si bien commencée au xvinc siècle.

   (1) La démolition de la rue de la Pêcherie eut lieu sous la Restau-
ration, comme l'indique le nom « quai du duc de Bordeaux », donné
tout d'abord au nouveau quai. Une première somme de 800.000 francs
fut mise par le Roi, en 1822, à la disposition du Préfet. Les crédits néces-
saires furent ensuite votés en 1827.