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90                            BIBLIOGRAPHIE

revêtu du camail des chanoines, et ce camail, il le recevait, lors de son
installation, des mains du doyen du chapitre. Comment admettre que
la croix, partie intégrante du costume, ne fût pas donnée dans la même
forme?
  La concession royale resta donc sans effet, malgré l'ardent désir des inté-
ressés. On suit avec l'auteur les négociations, pourparlers et délibérations
que suscita cette grave affaire : c'est un fort instructif chapitre de notre
histoire locale, si abondante en incidents qui témoignent de la parfaite
indépendance de l'esprit lyonnais.
   Les choses demeurent en l'état jusqu'en 1745. Par lettres, registrées
en parlement le 7 avril de cett e année, le roi Louis XV, à la demande
du cardinal de Tencin, accorde aux doyens, chanoines et chapitre comtes
de Lyon, le droit de porter une croix d'or émaillée à huit pointes, avec
quatre couronnes de comtes insérées entre les pointes et quatre fleurs
de lys dans les angles. Au centre, seront représentés, d'un côté, saint
Etienne, et de l'autre, saint Jean, tous deux patrons de l'église de
Lyon. L Î croix sera suspendue au col par un ruban couleur feu, liseré
de bleu.
   Cette fois, le chapitre a gain de cause : car il est dit que les chanoines
la recevront « des mains de celui qui est dans le droit et l'usage de
donner l'habit ».
   Le ruban, nous apprend M. Sachet, était très large et dessiné en
manière de hausse-col, s'agrafant par derrière à l'aide de trois boutons
et recouvrant la poitrine et les épaules. Cela devait, comme forme,
ressembler un peu au ruban de nos prud'hommes. Quant à la croix,
elle ne coûtait pas moins de deux cent cinquante livres à chaque
titulaire ; plus tard, le prix s'éleva jusqu'à trois cents quatre-vingt-
quatre livres.
   Désormais, la croix pectorale figure dans les armes du chapitre et
dans les armes particulières des comtes. Mais ni le cardinal de Tencin,
 ni ses successeurs, les archevêques de Montazet et de Marbceuf,
 n'adoptèrent cette pièce dans leur écusson.                          *
    Le brevet autorisant les chanoines à porter leur insigne tant dans
leur église que partout ailleurs, ils se font faire de petites croix qu'ils
 mettent à la boutonnière, sur l'habit de ville. Mais ce genre de déco-
ration s'était tellement multiplié qu'une déclaration royale, en date du
 5 février 1780, interdit à tous chanoines le port de leurs insignes, en
dehors de la ville et de la province où leur chapitre est établi.