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ARCHITECTE I5 ceux qui l'approchaient. Les amis qu'il eut lui furent fidèles; ses employés nombreux lui étaient attachés ; plusieurs pui- sèrent dans ses leçons les principes qui leur permirent de s'élever dans la pratique de leur art, tous se rappelaient avec reconnaissance le temps passé à son école, tous pouvaient compter sur ses conseils faits d'une longue expérience. Les entrepreneurs qu'il employait appréciaient la sûreté de ses rapports, son commandement ferme, mesuré; et malgré le soin qu'il mettait à purger les comptes de toute évalua- tion fantaisiste, malgré la surveillance qui proscrivait toute main d'oeuvre inférieure, ils ambitionnaient de travailler sous sa direction. A l'observateur attentif, l'aspect de Bresson révélait bien ce qu'il était. D'ordinaire, il paraissait distrait ou plutôt abstrait ; mais lorsqu'une conversation sur un sujet aimé et connu venait à le tirer de cette sorte d'engourdissement, la figure de Bresson s'illuminait et l'interlocuteur ravi contemplait ce regard d'un bleu limpide briller sous un beau front qu'ombrageait une chevelure régulièrement plantée, cette bouche fine exprimer nettement, avec sim- plicité des pensées longuement mûries. Bresson était alors intéressant à écouter, et je doute que ceux qui ont eu la bonne fortune de causer avec lui aient pu l'oublier. Nous sommes heureux de joindre à cette notice une gravure de Convert qui retrace ce que sa physionomie avait parfois de rêveur. Son ami Guillaume Bonnet a fait de lui un buste en marbre fort ressemblant qui le représente sous un autre aspect et fait comprendre son énergie et sa ténacité. La ténacité était, en effet, un des traits distinctifs de son carac- tère, c'est grâce à elle qu'il parvenait à réaliser ses projets malgré les avis contraires ; elle n'avait rien de blessant, sup- portait la discussion ; elle provenait bien moins de l'amour- propre que de l'amour pour la vérité entrevue.