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LA ROSE 195 La pièce de M. Maurice Richard est toute symbolique mais non pas d'un symbolisme incohérent, incompréhen- sible. Elle est au contraire très claire, très facile à saisir. La rose, c'est la fleur de l'idéal éclose dans le jardin de Pierrot pendant son sommeil : Lève-toi, cher Pierrot, Une fleur inconnue Dans ton clos est venue, Rien ne peut la flétrir, L'hiver qui la protège L'hiver la voit fleurir Au milieu de la neige. C'est ainsi que chante Polichinelle qui symbolise le poète chansonnier, sans sou ni maille, mais toujours joyeux, toujours heureux et par suite très philosophe. Plus philosophe certainement que ce pauvre Pierrot, qui est la personnification du poète idéaliste, du rêveur sans cesse à la poursuite d'un bonheur inaccessible et qui pour- tant se laisse prendre aux attraits séduisants de Colombine qui est, elle, la personnification de la femme charmante et volage. Elle consent cependant à l'épouser, charmée, elle aussi, par l'éloge enthousiaste qu'il fait de sa beauté sans la con- naître, lorsqu'il lui dit : Sa lourde chevelure est son seul diadème Mais l'or, ni les bijoux, ni la pourpre elle-même Ne sauraient à mes yeux embellir sa beauté. Celle Que je voyais ainsi réunissait en elle La grâce souveraine et le charme puissant Dont chaque femme apporte un reflet en naissant. Le mariage de Pierrot et de Colombine compose la première partie du conte lyrique de M. Maurice Richard.