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DE « PAUCA PAUCIS » 475 Il convient aussi de mentionner le déca césure à cinq et dont tant de poètes ont tiré un heureux parti (15). c). L'hendécasyllabe (vers de onze syllabes). Cherche la vie | apaisée et | transparente Comme l'azur | lumineux | des nuits d'été Lorsque le chœur | innocent | des grillons chante, Lorsque la paix | vient remplir | l'immensité Règle la vie | en ton sein | toujours égale, Comme le grain, | lentement, ] sans intervalle, Au sablier | de Kronos | précipité. Ce sont là des vers de onze syllabes. M. Tisseur les traite avec raison de mètre ingrat et peu cadencé. On le césurait au Moyen Age à 7 + 4 ( i 6 ) ; dans le Chansonnier de Berne, édité par M. Brakelmann, il est césure à cinq. On n'em- ploya pas ce vers pendant la Renaissance. Quand on tenta de construire les vers mesurés à la manière latine « les poètes ayant voulu imiter le vers phaleuce et le vers saphi- que », se trompèrent et ne composèrent qu'un vers fran- çais de onze syllables, césure à cinq, comme le vers latin (17). Au xvn e siècle, Voiture, Boisrobert, tentèrent de le césurer à six, sans obtenir plus d'harmonie. De nos jours, malgré sa forme bizarre et boiteuse, on a fait servir l'hendécasyllabe à de vraies pièces. Banville l'a césure à cinq ; Moréas à cinq et à quatre, etRichepin à six. M. Tis- seur croit possible d'éviter ces coupes disgracieuses au moyen de deux césures, ainsi que le montrent les vers cités plus hauts. (15) Cf. Dans Pauca Paucis, Chanson de May. (16) Cf. Les Œuvres de Mestre Richard de Semilly. (17) Cf. L'hendécasyllabe de Ronsard.