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234               L'INDUSTRIE DE LA SOIE

inévitables avec une matière d'un prix élevé et aussi
sensible à l'influence de la mode. Il est différent sui-
vant les provenances; il n'est même souvent possible
que lié avec une nouvelle mise en oeuvre des produits.
   Un commerce de cette importance et de cette cohésion
ne s'improvise pas, quoi qu'on fasse ; les traditions, liens
invisibles avec le passé et agents insaisissables, font leur
oeuvre. Nous avons eu le bénéfice de l'ancienne concen-
tration des soies étrangères imposée par des règlements
prévoyants. François Ier avait ordonné en 1540 que Lyon
serait l'unique entrepôt des soies étrangères en France.
C'était encourager sous une autre forme l'établissement
de la fabrique de soieries, et ce privilège devait devenir
le plus efficace.
   Les Suisses et les Allemands avaient pris pied à Lyon
à la faveur de traités confirmés en 1515 et en 1516, et
quand, à la fin du xvie siècle, la raison politique fit
relâcher nos liens avec les Italiens, les marchands des
villes impériales et ceux des cantons suisses prirent leur
place et reconstituèrent chez nous un marché de capitaux
qui s'est élargi et consolidé sous l'influence de l'esprit
lyonnais, froid, prudent et très avisé. Ce marché, plus
puissant peut-être que ne le comporte son cercle d'action,
a rendu possible le développement du marché de la soie
qui a tiré une autre partie de sa force d'un outillage
à demi-industriel dont la création est due à des initiatives
lyonnaises : services de navigation à vapeur, sociétés de
crédit, magasins généraux, établissements de pesage, de
conditionnement, de décreusage, de titrage, etc. Il n'est
vraiment pas besoin de dire que ce n'était qu'avec la
liberté, la libre entrée et la libre sortie des soies, que le
commerce pouvait assumer la responsabilité et soutenir le