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96                          « LOUISE »

   Pourtant, si Pierre n'est pas poète, il n'en est pas moins
féru d'amour pour Louise; et s'il n'est pas poète, il n'en est
pas moins sublime. Jugez plutôt :
   Louise et sa mère ont recueilli, lors du passage des
troupes françaises dans leur village, un pauvre soldat qui,
de désespoir, a voulu se tuer. Le malheureux, engagé
volontaire, n'a pu assister sans frémir aux défaites succes-
sives de notre armée décimée. Aidé de Pierre, Louise a
transporté dans sa propre chambre, l'infortuné, dont le
corps saigne sur la neige qu'il rougit de son sang.

       Le mourant pâle a les yeux vitreux,
       Demi gelé, percé d'une balle, il respire.
       Son mal est grand, on sent que sa douleur est pire.

   Alors commence entre la mort et lui, une lutte sans
trêve et sans merci. Louise s'épuise à veiller ce blessé, qui,
après de longs jours de souffrance, se remet lentement,
grâce aux soins incessants de la jeune fille. Celle-ci, à
soigner ainsi le jeune homme, se prend peu à peu à
l'aimer. Un jour ses yeux rencontrent les yeux du malade,
la fixant avec une tendre affection. Un émoi exquis s'em-
pare d'elle     et le pauvre Pierre est bien oublié. Sans se
le dire, Louise et son hôte s'adorent ; leurs regards seuls
se parlent, et ils croient leur secret bien gardé. Mais
ils ont compté sans une jeune fille, presqu'une enfant,
nommée Marie. Marie aime Pierre d'un amour violent
et n'est pas payée de retour, puisque le cœur de Pierre est
ailleurs. Pierre ne voit donc pas la passion qui brille dans
les regards de la fillette et la fillette en souffre immen-
sément. M. Fuster a peint, en d'admirables vers, les tour-
ments de cette délaissée.
     Un jour pourtant, Marie a surpris le secret des deux