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DE LA FIN DE LA GUERRE DE CENT ANS 79 contrées du Nord furent alors le théâtre. De ce qui se passait dans le Midi, et particulièrement chez nous, dans cette ville et dans le pays du Lyonnais, ils ne disent rien ou presque rien. De telle sorte qu'après les avoir lus nous sommes amenés à nous poser cette question : Nos pères auraient-ils donc échappé aux calamités qui désolèrent la France au début du xve siècle ? Est-ce que, par hasard, dans un temps où, partout ailleurs, régnait la guerre et le désordre, où les campagnes étaient ravagées par des bandes également indisciplinées, de gens de guerre et d'aventuriers, où la chevalerie française était décimée sur les champs de bataille d'Azincourt, de Crevant et de Ver- neuil, où les villes étaient la proie des factions, où le Roi de France errait de château en château, abandonné, trahi et parfois personnellement si pauvre que ses pourpoints étaient rapiécés (5) et sa table à peine suffisante (6), est-ce que, par hasard, au milieu de tant d'infortunes et de revers, les Lyonnais auraient eu le privilège de couler, à l'abri des (5) Un compte du receveur des deniers royaux à Chinon fait mention « d'une somme de 20 sols pour manches neuves mises à un vieil pourpoing du Roy. » Charles dut aussi, un jour, se passer de chaus- sures neuves, son cordonnier refusant de lui faire crédit. « Il fut en telle pauvreté que ung courrexier ne luy volt mie croire une paire de houzel, et il en avait chaussez ung et, pour tant qu'il ne le pehut payer contant, il luy redechaussit ledict houzel, et lui convient reprendre ses vielz houzel. » V. Du Fresne deBeaucoun.Histoire de Charles VII, tome II, pages 194 et 633. (6) Un jour que La Hyre et Poton Le vindrent veoir, pour festoyement N'avaient qu'une queue de mouton Et deux poulets tant seulement. Martial d'Auvergne. Les Vigiles de Charles VII, t. II, p. 39.