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334                      LAMARTINE

lecteur en éveil, il ne lui laisse pas le loisir de respirer.
Lamartine, au contraire, non seulement lui en laisse le
loisir, mais il lui en impose le besoin ; ample, lent et
copieux, la douceur chez lui s'affadit dans la mollesse, la
profondeur fatigue par son étalage, et la grâce par sa conti-
nuité. Ces belles choses forcent peut-être l'admiration, elles
ne la surprennent jamais.
   Cependant le poète, toujours diplomate et toujours fêté,
successivement secrétaire d'ambassade à Naples, chargé
d'affaires à Londres, puis à Florence sur sa demande, pre-
nant ses vacances à Saint-Point, en Saône-et-Loire, ne fit
que des apparitions à Paris, de 1823 à 1830. Je viens
d'apprécier les deux seules œuvres de quelque importance
qu'il publia dans cet intervalle, car je ne compte pas les
épîtres, compliments ou réponses qu'il prodiguait dès lors
et qu'il prodigua de plus en plus à tout venant, quelquefois
avec un excès d'éloges ridicule, toujours avec une bienveil-
lance banale. Le Chant du Sacre, qu'il composa en 1825,
pour la couronnement de Charles X, ne mérite d'être
signalé que comme un indice de ses opinions politiques à
ce moment. Toutefois, la muse que nous avons vue bou-
deuse au lendemain du triomphe, se radoucissait tout bas ;
le poète ne publiait rien, mais il produisait, il produisait
même beaucoup, et, lorsque les quatre livres des Harmonies
poétiques et religieuses parurent au printemps de 1830, au
moment de la réception de Lamartine à l'Académie, on
allait être tenté de trouver qu'il y en avait trop.
   Dans cette nouvelle œuvre, Lamartine a paru à quel-
ques-uns se rapprocher de la doctrine chrétienne. Son âme,
en effet, s'y répand parfois en de véritables prières, et
l'Hymne au Christ n'est point tout à fait un mensonge. Il
ne faudrait pourtant pas trop s'y fier ; ces Harmonies, bien