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326                         LAMARTINE

      O lac, rochers muets ! Grottes ! Forêt obscure !
      Vous que le temps épargne et qu'il peut rajeunir,
      Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
               Au moins le souvenir !

      Que le vent qui gémit, le rameau qui soupire,
      Que les parfums légers de ton air embaumé,
      Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
               Tout dise : Ils ont aimé !

  Pour le second genre, Fépître à lord Byron, l'Homme,
se présente sans détour comme la profession de foi du
poète.
      Hélas ! tel fut ton sort, telle est ma destinée.
      J'ai vidé comme toi la coupe empoisonnée ;
      Mes yeux, comme les tiens, sans voir, se sont ouverts ;
      J'ai cherché vainement le mot de l'univers,
      J'ai demandé sa cause à toute la nature,
      J'ai demandé sa fin à toute créature ;
      Dans l'abîme sans fond mon regard a plongé ;
      De l'atome au soleil, j'ai tout interrogé...
      Cherchant ce grand secret, sans pouvoir le surprendre,
      J'ai vu partout un Dieu sans jamais le comprendre.
      J'ai vu le bien, le mal, sans choix et sans dessein,
      Tomber comme au hasard, échappés de son sein ;
      J'ai vu partout le mal où le mieux pouvait être,
      Et je l'ai blasphémé, ne pouvant le connaître ;
      Et ma voix se brisant contre ce ciel d'airain,
      N'a pas même eu l'honneur d'irriter le destin.
      Mais un jour que, plongé dans ma propre infortune,
      J'avais lassé le ciel d'une plainte importune,
      Une clarté d'en haut dans mon sein descendit,
      Me tenta de bénir ce que j'avais maudit ;
      Et cédant sans combattre au souffle qui m'inspire,
      L'hymne de la raison s'élança de -ma lyre.
      — Gloire à toi, dans les temps et dans l'éternité,
      Eternelle raison, suprême volonté !