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278                    « PAUCA PAUCIS »

        Dragon fumeux, panthère au regard flamboyant,
        Mais, comme l'Achéen, nous, domptant sa superbe,
        Resserrons ses liens, tant qu'il dise, ployant :

        « Je suis vaincu, poète, et je transmets ton verbe. »

   On le voit, il y a lutte acharnée avant la victoire. Ce
n'est pas du premier coup que l'idée revêt son expression
définitive, la seule qui nous importe et que nous ayons à
juger. Non que les phases intermédiaires soient dénuées
d'intérêt; le récit de cette genèse qui ne peut, bien en-
tendu, être fait que par le poète lui-même, serait, au con-
traire, des plus curieux. Qu'on lise, dans Edgar Poë, la
délicate et subtile analyse qui est la préface de son poème
du Corbeau; cet amalgame étrange de la volonté et de l'ins-
piration procure à l'esprit un plaisir intense, d'une saveur
toute particulière.


  Je me souviens qu'un jour j'écrivis à l'auteur de Pauca
cette énormité :

        Penser n'est rien ; bien dire est le secret final.

à laquelle il eut la bonté et l'imprudence d'applaudir. C'est
avec cette doctrine exclusive que j'ai commencé la lecture
de son livre.
   Ce bien dire, il l'a cherché religieusement dans ses vers,
comme il Ta fait dans tous ses ouvrages en prose, où il
n'est pas une ligne qui ne témoigne de cette constante.et
salutaire préoccupation. Oui, ce souci, le poète l'a eu sans
trêve ni relâche, et il n'est que juste de dire que ses efforts
ont abouti au plus indéniable succès. Çà et là, peut-être,
un vers d'une concentration exagérée, avec une teinte