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                    NOTES SUR LE SALON                     211

et un ajustement Louis XV, le portrait d'homme, de
de Mme Colomb-Agassis, celui qu'expose M. Louis Piot,
tous deux intéressants, quoique à des titres dissemblables.
M. Armbruster, dans son portrait, exécuté sans modèle
et sur des photographies imparfaites, d'un jeune homme
M. G. M.-R., enlevé à la fleur de l'âge à l'amour de ses
parents, auxquels l'artiste a rendu l'image fidèle de leur
enfant, Mlle Garcin, qui a reproduit les traits de son père,
M. Jacques Garcin, un des maîtres de l'art photographique
à Lyon, M. Jubien, pastelliste et dessinateur, méritent une
honorable mention.
   M. Puvis de Chavannes a envoyé le portrait d'un de ses
amis, un jeune vieillard, cheveux et barbe blanche, la tête
appuyée sur un coussin, lisant un journal. Une œuvre d'un
tel artiste ne saurait être indifférente, mais en appliquant
les touches larges de la fresque à une petite toile, il est
difficile de produire une œuvre où se révèle le très grand
talent qui a créé tant de poétiques et inoubliables figures.
Devant ce portrait d'un maître, la plupart s'arrêtent, s'in-
clinent sans comprendre, et passent.
   Je ne sais pas une seule toile au Salon qui soit à la hau-
teur de l'étude, intitulée par M. Jules Lefebvre : La Prière
de VAïeule.
   C'est un simple buste de vieille femme, vêtue et encapu-
chonnée d'une grossière étoffe de cadis noir, les mains
jointes, les yeux rougis par les larmes qui creusent sa
pauvre figure, sillonnée des rides de l'âge et des contractions
douloureuses qu'y ont laissé les luttes et les labeurs de la
vie. C'est là tout le tableau, et cette effigie toute simple,
mater dolorosa ierreslris, est tout ce qu'il y a de plus émouvant.
   Cette douleur muette est si intense, on sent si intimement
l'ardeur de la prière dans ces mains qui se tordent dans