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                        LA COZONAISA                       I35

des lieux si voisins de la grande ville, n'est pas sans charme.
La vue s'étend sur la Saône, et, au-delà, sur les vertes col-
lines de la Bresse. Tout cela, surtout par un beau jour
d'automne, est reposant et mélancolique.
   Si vous redescendez au village ne faillez point à voir
l'église. Elle est moderne, mais de proportions calmes et
mesurées, bien eurythmique, bien religieuse, dans ce
style ,'romano-sicilien auquel se complaisait Pierre Bossan.
Quoique la pierre de Couzon ne soit point communément
employée pour pierre de taille, l'église presque tout entière
en est construite, même les parties sculptées. Les tailleurs
de pierre du pays se sont fait gloire de trier les blocs du
plus beau grain, pour ne pas faire appel aux pierres étran-
gères.
   Et surtout ne manquez point de contempler longuement
l'abside, où se déroule une vaste frise peinte, dont les
figures sont de grandeur naturelle. Elle est l'Å“uvre, fort
belle, de Matthéus Fournereau, notre compatriote. C'est un
peu le style de Flandrin, et depuis lui il ne s'est rien peint
d'aussi parfaitement religieux ni de plus pur de formes. Je
vous recommande surtout la partie où est représentée la
légion thébaine. Le sentiment de l'art antique s'y marie
avec le sentiment chrétien de la plus heureuse manière.
   Et si l'exercice vous a mis en appétit, vous continuerez
à descendre le village jusqu'au bord de la Saône, et vous
irez chez Le Nègre, où vous pourrez, si le cœur vous dit,
manger les meilleurs poissons du monde. C'est un bon res-
taurant rustique, jadis fréquenté par Chenavard, Jean Tis-
seur et Soulary. Puis vous irez vous promener sur le pont
suspendu, d'où la vue est charmante. A vos pieds, la Saône,
verte et profonde, enveloppe avec mollesse de jolies îles,
pleines de vourgines aux feuillages fins et cotonneux. Les