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70                  A TRAVERS LA KABYLIE

sation arabe, pourra-t-on remplacer cette civilisation par la
civilisation européenne, sans donner à celle-ci sa base véri-
table, qui est la religion chrétienne? Graves problèmes
qu'il faudra bien résoudre un jour.


                               III

   Plusieurs tentatives ont été faites, en dehors du gouver-
nement, pour civiliser les Kabyles. Les jésuites avaient fondé
plusieurs écoles en Kabylie, une entre autres dans le village
de Djemaa-Saharidj. Ils étaient parvenus à y réunir jusqu'à
 150 enfants. Dans quelle mesure avaient-ils réussi ? il est
difficile de le savoir. Le seul fait d'avoir attiré, sans menaces,
un nombre aussi considérable de petits garçons, était déjà
un grand succès. Quant aux pères de famille, les jésuites
avaient su leur inspirer une telle confiance, qu'ils allaient
jusqu'à leur donner, quand ils se rendaient au marché, la
garde de leur bourse, ce qui tient du prodige, étant don-
nées l'avarice et la défiance des Kabyles. Un simple frère
jésuite, presque illettré, le chanfrère (cher frère) comme on
l'appelait, jouissait, en qualité de médecin, d'une immense
réputation. Devenu presque kabyle, ayant très bien appris
la langue par la seule pratique, il s'était mis à soigner tous
les malades. Avec un peu d'onguent et un dévouement à
toute épreuve, il était devenu, dans le pays, le plus popu-
laire de tous les Français (p. 160).
   Les jésuites ont été expulsés. Les Pères blancs et les
Soeurs blanches, créés par le cardinal Lavigerie, commen-
cent à les remplacer. Pour se rapprocher davantage des
Kabyles, le nouvel ordre religieux a adopté un costume
blanc, presque semblable à celui des indigènes. Par mesure
de prudence, on ne parle pas de la religion chrétienne