Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
294     VIEILLES CHOSES ET VIEUX MOTS LYONNAIS

deur de vieilles babioles, ou de vieux fers, ou un affineur
d'or. Rabelais dit harpailkur, probablement au même sens,
et Monet, pour ouvrier qui fouille dans les mines.
   L'origine de notre arpelleur et de notre arpayou est claire.
Ce sont des dérivés de arpa, griffe, croc, objet qui saisit.
Arpa vient lui-même du nordique harpa, vieux haut allem.
harfa, selon Diez, qui pense que le grec â T V n'explique
                                              pC )
pas Yh aspirée des formes françaises (harper). C'est pour-
quoi M. Baist suppose que les formes provençales (arpa)
peuvent n'avoir pas la même origine que les fran-
çaises. Mais l'alpha d'âpir/i a un esprit rude qui pourrait
expliquer Yh des dernières. Dans ce cas, arpa serait venu
par un intermédiaire latin, sur lequel a été fait harpagare.
   Quoi qu'il en soit, arpa a donné le verbe arpa, saisir,
aujourd'hui arpô, et celui-ci donne un fréquentatif arpailli,
comme le français harper un fréquentatif harpailler. Arpailli,
comme quantité de verbes en // mouillées, a passé a bar-
payî (comp. cramaillî devenu cramayî). Arpayî, plus suff.
ou ( = orem) donne régulièrement arpayou, qui est le nom
de notre outil (comp. lyonn. broyou de broyî) et a dû s'ap-
pliquer aussi à l'ouvrier. De même, en français, où orem —
eur, harpailler a donné harpailkur. Mais le rédacteur des
procès-verbaux du Consulat, qui écrivait en oïl, ou a fran-
cisé le mot lyonnais, ou a estropié le mot d'oïl. Par confu-
sion avec pelle, il a écrit arpelleur.
   Il est maintenant facile de suivre les dérivations de sens
qui, de harpailkur, celui qui harpaille dans les rivières, puis
quiharpaille dans les mines, ont fait l'expression péjorative
de harpailkur, marchand de vieux fers, de vieux bibelots,
puis de vieux bijoux. Harper a été pris au figuré, la plupart
des vieux objets, des vieux bijoux, vendus de cette sorte,
provenant de prêts sur gages par des usuriers qui les ont