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I48 LA MARCHANDE D'ORANGES
à regret à quitter des yeux les fenêtres de l'hôtel d'en face,
enfin refermées, ne la rencontre roide et glacée sous les
mains de la Mort à l'angle de quelque porte, il sera bien
vrai, comme le disent depuis longtemps les vieux pension-
naires de l'hospice de la Charité, — des vieux en costume
bleu, l'uniforme de la vieillesse pour'les soldats, — quand
ils causent entre eux en se promenant dans la grande cour,
que Dieu ayant rappelé depuis longtemps à lui l'âme de la
pauvre créature, a oublié son corps sur la terre, où il accom-
plit mécaniquement, sans paix ni trêve, éternellement la
même action, et reste, attendant le repos, toujours à la
même place, vieille marchande d'oranges posée à l'angle
d'un trottoir, tendant d'un geste lassé sa pauvre marchan-
dise aux passants.
J.-Irénée AVIAS.