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BIBLIOGRAPHIE €9
Comme tout ce qui touche au Précurseur, le Jubilé de
Lyon est empreint d'un caractère spécial. Dans son histoire,
M. l'abbé Sachet prend ces fêtes séculaires à leurs origines.
Le mystère dont reste entouré le premier jubilé présumé
(1451) sied bien à celui qui en est l'objet, à ce héros que
les textes sacrés nous laissent entrevoir plus qu'ils ne nous
le montrent, personnage mystérieux, ceint d'une auréole
qui lui-donne un rang à part dans l'humanité : Nemo sur-
rexit major Joanne Baptistâ.
Nos pères avaient une dévotion particulière à saint Jean;
ils aimaient l'apôtre des humbles et des petits, remontrant
les rois et les puissants, ce pasteur des foules qui se fit une
popularité en prêchant l'austérité et la pénitence. Son culte,
héritier de certains rites anciens, et sa fête, placée au sols-
tice d'été, formaient comme un lien entre le monde nou-
veau et les âges antiques.
Le héros, son nom, son culte, tout était populaire; tout
s'imposait, sans qu'il fût besoin de ces déductions subtiles,
de ces commentaires quintessenciés qui président trop sou-
vent à l'établissement de nos dévotions modernes.
Aussi semble-t-il que ce soit la voix du peuple lyonnais
qui ait décrété la célébration d'un jubilé, chaque fois qu'il
y aurait occurrence de la fête du Précurseur avec celle du
Corps de Dieu. En vain M. Sachet a cherché quelque acte
antérieur au xvie siècle et, pour ce, compulsé les archives.,
interrogé les chancelleries ; il a fallu conclure qu'en 1546,
époque de la deuxième rencontre, l'autorité ecclésiastique
n'avait fait qu'enregistrer une tradition.
L'aveu aurait pu être pénible à tout auteur d'un esprit
moins solide et moins large. Un écrivain ne se résout pas
volontiers à diminuer son sujet, et, d'autre part, on sait
que le désir d'édifier les fidèles a plus d'une fois induit des